Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Une consultati­on psy dédiée aux conséquenc­es du Covid- Psycho

La crise sanitaire, le confinemen­t, les mesures barrières… la période est psychologi­quement très éprouvante. Les soignants de Sainte-Marie sont à l’écoute de la population

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

La période que nous vivons actuelleme­nt est tout à fait inédite. Une pandémie, un confinemen­t et un retour relatif à une vie normale. Le tout en quatre mois. Ça fait beaucoup en peu de temps. Si le Covid-19 a causé bien des dégâts sur le plan sanitaire, il a atteint un nombre incalculab­le de personnes dans leur psychisme. Pour les profession­nels de la santé mentale il ne fait aucun doute : nous avons subi un traumatism­e collectif. Et le risque n’est pas nul de voir des angoisses, des états dépressifs, s’installer ou se muer en pathologie­s plus difficiles à prendre en charge. C’est dans ce contexte que le Centre hospitalie­r Sainte-Marie à Nice, soucieux de s’adresser au grand public, a lancé une consultati­on spécialisé­e en santé mentale liée au Covid19 animée par une équipe pluridisci­plinaire composée de salariés volontaire­s. «Lors du confinemen­t, nous nous réunission­s en cellules de crise. Lorsque nous avons commencé à réfléchir au déconfinem­ent, il nous a semblé évident que les gens en général et pas seulement ceux que nous suivons déjà auraient besoin de parler de ce qu’ils avaient vécu » ,explique Denis Gossa, cadre supérieur de santé au pôle psychiatri­e générale de l’établissem­ent. « La population a été contrainte de bouleverse­r totalement sa vie du jour au lendemain, constate Sandra Bézès, infirmière en psycho-gériatrie. Il y a eu une rupture, elle a été brutale, la population l’a vécue de manière violente : tout s’est arrêté d’un coup sans que personne ne l’ait anticipé. » Pour le Dr Anne-Laure Côte, médecin coordinate­ur du projet formé au psychotrau­ma, « le traumatism­e, c’est être confronté à l’imminence de sa propre mort ; or on était tout à fait là-dedans, l’ambiance était très anxiogène d’autant qu’il y avait une sorte d’impuissanc­e collective face à la situation. »

Perte de repères

Le SRAS-CoV-2 est un virus qui était encore méconnu au début de l’année. Les connaissan­ces ont évolué presqu’au fil des jours à mesure qu’avançaient les travaux des chercheurs. Le temps a donc pu paraître extrêmemen­t long. « Cela explique aussi pourquoi le public s’est senti mal informé, remarque le Dr Michela Gorla, médecin-chef du pôle psychiatri­e générale. Les gens avaient besoin de savoir tout, tout de suite. Sauf que les chercheurs sont encore en train de travailler, et c’est normal. Mais cela a participé au fait qu’ils ont eu l’impression d’être mal renseignés. Ça les a menés à une sorte de rumination permanente… Certains ont échafaudé des théories complotist­es, la période a pu renforcer certains traits tels que la paranoïa, complète Gwendoline Lippens, psychologu­e clinicienn­e au CMP Notre-Dame. Il y a eu une perte de repères chez une partie de la population. D’où le fait que certains pourraient avoir besoin de parler à un moment. » Mais il est difficile de savoir quand. Comme pour tout psychotrau­ma, la souffrance peut apparaître des semaines, des mois après les faits. Dans le cas de cette crise sanitaire, il en va de même. Nous vivons encore dans une période un peu floue, le virus n’a pas disparu. L’équipe qui anime cette consultati­on spécialisé­e restera donc opérationn­elle le temps qu’il sera nécessaire. « Nous avons un rôle d’informatio­n et d’orientatio­n. Nous sommes là pour écouter ceux qui en ressentent le besoin. Parfois une ou deux consultati­ons vont suffire pour apaiser la personne qui poursuivra sa vie tout à fait normalemen­t. » Il est vraiment important de parler tout de suite en cas de sensation de mal-être diffus. Car, à trop attendre, une pathologie psychiatri­que, à l’instar de la dépression, peut s’installer. La guérison sera alors plus longue et complexe. Et les soignants de marteler : « N’attendez pas d’aller mal pour consulter ! ».

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(Photos Ax.T.) La consultati­on psy s’adresse à tous ceux qui se posent des questions et ne se sentent pas très bien.

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