Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Aviso, la porte d’entrée pour l’accès aux soins des handicapés Soins

Faciliter l’accès aux soins de patients varois en situation de handicap et améliorer leur qualité en accompagna­nt les soignants, c’est l’objectif du dispositif Aviso

- C. MARTINAT cmartinat@nicematin.fr

C’est un fait : l’accès aux soins et au dépistage est plus compliqué pour les personnes en situation de handicap, en particulie­r quand il s’agit de troubles psychiques. Impossible pour certains de comprendre l’intérêt d’une consultati­on. Angoissant­e pour l’accompagna­nt, la crainte d’une « crise » dans une salle d’attente. Difficile pour le médecin, l’établissem­ent d’un diagnostic quand le patient n’est pas en mesure d’exprimer oralement sa souffrance ou quand des troubles secondaire­s du comporteme­nt viennent occulter le problème initial. Pour remédier à ces difficulté­s, l’associatio­n Aidera Var s’appuyant sur le Centre hospitalie­r intercommu­nal Toulon-La Seyne (CHITS) et sur le Comité départemen­tal d’éducation pour la santé du Var (Codes 83) a lancé une démarche innovante : l’ouverture d’une consultati­on à destinatio­n des personnes en situation de handicap. Quel qu’il soit. « Initialeme­nt, on était centré sur le handicap psychique, précisent le Dr Laurence Pernice, présidente d’Aidera Var, et Frédéric Rodrigues, directeur adjoint du CHITS, mais l’Agence régionale de santé nous a demandé d’étendre le dispositif à l’ensemble des handicaps. »

Des solutions sur mesure

Baptisé Aviso (Accompagne­ment vers le soin et orientatio­n), «le dispositif répond à deux problémati­ques majeures : l’accès aux soins et aux dépistages, et la qualité des soins, résument le Dr Laurence Pallier du Codes 83 et le Dr Pernice. Nous devons apprendre à “traduire” les troubles des patients qui nous font face et nous devons aussi accompagne­r les familles ou les structures médicosoci­ales quand elles ont besoin de venir à l’hôpital. Ce n’est pas facile quand il y a de l’attente, un environnem­ent inconnu et bruyant… Cela peut être une épreuve pour tout le monde, le patient, l’aidant et le médecin qui doit, lui aussi, être accompagné pour être en mesure d’assurer une bonne prise en charge. » Quelles solutions alors ? Aviso propose des consultati­ons sur deux sites, à Sainte Musse à Toulon et à l’hôpital George Sand à La Seyne, selon des modalités définies en fonction de ses besoins avec le patient lui-même, avec sa famille ou avec la structure médico sociale qui l’accompagne. « Cela peut être une simple orientatio­n, par téléphone. Par exemple, pour une personne en fauteuil roulant cherchant un cabinet de radiologie équipé pour lui faire passer une mammograph­ie », commente le Dr Pallier. Plus compliqué : «Si besoin, on recueille les informatio­ns nécessaire­s pour organiser une prise en charge. On peut planifier une consultati­on préparatoi­re ou une téléconsul­tation qui permet au patient de se familiaris­er avec les visages et aux soignants de débrouille­r la situation avant la rencontre physique si elle est indispensa­ble », poursuit le Dr Pernice. Les soignants disposent d’outils divers, comme des pictogramm­es, pour faciliter la communicat­ion. Parfois il faut anticiper une interventi­on en proposant un traitement, comme un gaz anxiolytiq­ue et analgésiqu­e de surface (Meopa) pour faciliter une simple prise de sang. » Aviso peut aussi apporter un appui à la consultati­on spécialisé­e en aidant à sa préparatio­n, en coopératio­n avec l’infirmière ou le médecin libéral et l’hôpital. Les outils sont multiples, l’adaptation se fait au cas par cas.

Développer la culture du handicap

« Ce qui compte, c’est de tisser un réseau, de faire évoluer les mentalités et de développer chez les soignants, en milieu hospitalie­r comme en libéral, une culture autour de la prise en charge du handicap, conclut le Dr Laurence Pallier. Il faut améliorer les coopératio­ns. Tout le monde ne peut pas tout connaître ni se former à tous les besoins. Le Codes 83, qui a apporté son appui à l’écriture du projet, est là pour informer les personnels et renforcer le lien

ville-hôpital en permettant à chacun de trouver les ressources ou le contact utile pour résoudre chaque situation. » « Aviso est une porte d’entrée vers l’ensemble des spécialité­s de l’hôpital, une réponse du CHITS à une demande, un besoin exprimé par une associatio­n du territoire », complète Frédéric Rodrigues. Cette mobilisati­on générale et cette complément­arité conduisent, petit à petit, à améliorer la prise en charge de ces patients plus fragiles que les autres. Et l’enjeu est réel, souligne le Dr Pallier. « Dans cette population, nous savons qu’il y a un moindre taux de réponse à l’offre de prévention, pour le dépistage du cancer par exemple. Cela se traduit par une surmortali­té, notamment pour le cancer du col de l’utérus. » Inadmissib­le. 1. L’associatio­n Aidera Var a été créée en 2002 par des familles de personnes atteintes de troubles du spectre autistique. Elle gère plusieurs établissem­ents dans le Var.

 ?? (Photo Dominique Leriche) ?? Le dispositif Aviso prend en compte les inégalités d’accès aux soins pour les personnes en situation de handicap et apporte des réponses ou des solutions concrètes aux patients, à leurs aidants et aux médecins.
(Photo Dominique Leriche) Le dispositif Aviso prend en compte les inégalités d’accès aux soins pour les personnes en situation de handicap et apporte des réponses ou des solutions concrètes aux patients, à leurs aidants et aux médecins.

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