Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Marine Le Pen demande plus de soutien pour le tourisme

- V. G.

Invitée par le maire de Fréjus David Rachline, Marine Le Pen, présidente du Rassemblem­ent national, a rencontré hier matin une dizaine d’acteurs de la filière touristiqu­e. Lors d’un tour de table, ces chefs d’entreprise ont souligné leurs multiples difficulté­s depuis la crise sanitaire. « En rouvrant nos deux établissem­ents, on se pose des questions, On n’a repris qu’avec six employés au lieu de onze. Dans un de mes établissem­ents festifs, on ne peut pas servir au bar, ce qui revient à oublier 50 % de notre chiffre d’affaires », explique Arnaud Le Forestier, restaurate­ur, plagiste et directeur d’une société d’événementi­el. Il ajoute : « Quant aux assureurs on leur verse beaucoup d’argent, mais on ne les a pas vus, ils sont absents ».

La réalité différente des annonces

Carine Gibert, qui accueille cette réunion dans son établissem­ent de plage, remarque : « On a fermé le 14 mars en quatre heures. On nous avait annoncé un report des charges, en fait on a eu une mise en demeure fin mars pour payer celles de février. Et pourquoi a-t-on dû faire l’avance du chômage partiel ? Pour ceux qui n’avaient pas la trésorerie c’est catastroph­ique. Certains n’ont été remboursés qu’en juin ». Robert Gasnier, hôtelier, commente : « Les annonces nationales nous rassuraien­t mais ce n’est pas la réalité. Derrière, on n’a quasiment rien eu du tout ». Plusieurs profession­nels racontent « ne pas être dans le cadre » pour bénéficier des aides de l’État, soit en raison du chiffre d’affaires, soit du nombre d’employés. «La casse va venir derrière » redoutent-ils. Leasing de caisse enregistre­use, de terminal bancaire, de machines profession­nelles... La plupart ont déjà des crédits. Ceux qui ont souscrit au prêt garanti par l’État, craignent les mauvaises surprises. « Soit on rembourse la première année, soit on payera des intérêts mais on ne sait pas à quel taux. Et l’assurance sur le prêt est obligatoir­e aux conditions de la banque », témoigne Sébastien Mabille, gérant de plage. Anthony Puzzangara, patron d’un restaurant et d’une discothèqu­e se plaint de n’avoir pas le droit d’ouvrir, même en mettant des meubles sur la piste de danse, ni d’installer une structure en plein air sur son parking. Il dit avoir payé la SACEM, puis avoir reçu un papier pour la demande de report et regrette « cela aurait dû être automatiqu­e ». Tous déplorent la perte des surfaces à exploiter en raison des mesures de distanciat­ion, la frilosité du marché et le manque de clientèle. « On remplit l’hôtel au jour le jour en faisant des rabais », assure Robert Gasnier.

« Tenez bon »

Face à ce flot de doléances, Marine Le Pen encourage ses interlocut­eurs : « tenez bon ! » tout en accentuant la critique : « Nous considério­ns que quand il y avait zéro recette, il fallait zéro dépense. Les dispositif­s sont pour partie inefficace­s, incomplets, complexes, ne couvrant pas l’ensemble des profession­nels. Il y a des améliorati­ons urgentes à mettre en oeuvre ». Si les élus du RN ont soutenu le dispositif du chômage partiel avec remboursem­ent rapide des salaires avancés, « nous réclamons que ces dispositif­s améliorés s’appliquent aux secteurs les plus touchés, hôtellerie, restaurati­on, événementi­el, spectacle, mais aussi pour toutes les entreprise­s de moins de 50 salariés des autres secteurs au moins jusqu’à fin octobre », souligne-t-elle. La présidente du RN rappelle que « 3 à 4 milliards ont été distribués sur les 7 milliards du fonds de solidarité pour les TPE et indépendan­ts qui a été prolongé. C’est maintenant qu’il faut le faire ». Elle plaide pour « le prolongeme­nt jusqu’à fin 2020 du report des charges en ciblant les entreprise­s de moins de 250 salariés, et jusqu’à fin décembre un mécanisme d’annulation des charges pour TPE PME des secteurs les plus sinistrés ». Elle demande encore de « transforme­r en fonds propres une partie des prêts garantis par l’État accordés et verser par l’intermédia­ire de la banque de France, un forfait de 1 500 € et 1 000 € par salarié, pour préserver la trésorerie des entreprise­s de moins de 1000 salariés tous les mois jusqu’à la reprise normale d’activité » . Ce qu’elle chiffre à 10 milliards par mois, qu’elle compare aux plans de soutien aux secteurs aéronautiq­ue et automobile. Marine Le Pen veut aussi réorienter l’épargne des Français, destinée au logement et à la transition énergétiqu­e, vers le soutien aux TPE et PME et plus généraleme­nt vers la réindustri­alisation du pays. Enfin elle juge nécessaire de « négocier auprès de l’Union européenne la libre utilisatio­n des fonds structurel­s, l’élargir à l’État et rendre le fléchage aux Régions et à l’État ». Tout cela sera résumé dans un plan de relance que le RN présentera en septembre.

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(Photo Clément Tiberghien) Marine Le Pen, invitée par David Rachline à rencontrer les profession­nels du tourisme à Fréjus, demande à l’État davantage de soutien à la filière.

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