Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le cinéma Olbia rallume aujourd’hui la lumière
Après trois mois et demi de fermeture, le cinéma du centre-ville rouvre enfin ses portes. Olivier Mangot, le directeur, en profite pour tordre le cou aux rumeurs de fermeture
Trois mois et demi que les salles obscures n’ont pas vu l’ombre d’un spectateur. L’attente a été longue pour les amateurs de films sur grand écran. Aujourd’hui, le cinéma Olbia rouvre ses portes au public avec des conditions respectant le protocole national : obligation de porter un masque dans les couloirs du cinéma (mais pas dans les huit salles de projection) et distanciation dans les rangées de sièges (sauf pour les membres d’une même famille).
« Le mois de juin n’est pas propice »
Alors que les cinémas de France ont reçu l’autorisation de reprendre leur activité le 22 juin, à Hyères le directeur Olivier Mangot a préféré jouer les prolongations. « La période n’est pas propice, j’ai voulu observer le fonctionnement de mes confrères avant de me lancer, avoue-t-il. Le mois de juin est notre plus mauvais mois de l’année, en termes de films et de fréquentation ». La météo incite, en effet, à garder le nez dehors. Une autre difficulté concerne l’offre de films elle-même. Plusieurs grosses sorties ont été décalées, les producteurs américains ne souhaitant pas « gâcher les cartouches » en risquant une perte de recette. La date de sortie de Tenet, le nouveau Christopher Nolan, est changée tous les jours ou presque. Mulan, prévu le 22 juillet sortira-t-il bien à cette date ? Black widow, qui devait être à l’affiche en avril, a été repoussé... Idem pour le nouveau James Bond (novembre) et les Minions, carrément retardés d’un an.
“Disney dépendants”
« Tous les cinémas de France sont “Disney dépendants” puisque la firme produit les dessins animés (dont les créations Pixar), Star Wars et les super-héros Marvel. On risque de payer cette dépendance un jour ou l’autre », reprend Olivier Mangot qui a succédé à son père Daniel. Le cinéma Olbia existe depuis 1983 dans la rue Soldat-Bellon. Malgré une aide de l’État de 1500 le confinement a fragilisé l’établissement avec une perte de 20 000 spectateurs en mars, 39 000 en avril lors des vacances de printemps. Et la reprise s’annonce timide « parce que nous n’avons pas une offre attrayante, il ne faut pas se mentir. Cela peut durer des mois si les grosses sorties continuent à être repoussées. Nous sommes dépendants de la qualité des films. Le spectre d’un nouveau confinement existe aussi. » La tentation de ne rouvrir qu’au 15 juillet a été forte. L’équipe du cinéma a dû nettoyer et se réapproprier le lieu. Reste maintenant aux spectateurs à retrouver l’habitude de se faire une toile. L’enjeu est également important pour les restaurants du centre-ville qui voient la réouverture d’un bon oeil.
« La perte ne sera pas rattrapée »
« La perte subie pendant trois mois et demi ne sera pas rattrapée, reprend Oliver Mangot. Mais on peut limiter la casse entre octobre et décembre. D’une façon générale, notre cinéma est viable, à condition qu’on ne nous impose pas un second confinement ». Les nouvelles façons de consommer des films à domicile via Amazon Prime, Netflix, la VOD, sans compter le streaming et les téléchargements pirates, sont maintenant bien ancrées et pèsent sur l’activité. « Nous suivons le même chemin que la musique. Alors qu’il y avait au début une réticence à payer des abonnements pour écouter des albums en numérique, on a tous été plus ou moins obligé de s’y mettre, observe Olivier Mangot. Je reste persuadé que le plus important reste les films euxmêmes. Si les films sont bons, alors les gens continueront à venir les voir au cinéma ». Aussi simple que ça.