Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les gendarmes vont à la pêche aux pneus

En face de Port Ferréol, la brigade nautique des Issambres est allée retirer une cinquantai­ne de pneus, source de pollution. Les enquêteurs cherchent l’origine de ces déchets en mer

- N. PASCAL npascal@varmatin.com

J

e sais pas qui a dit que partir c’est crever un pneu, mais il avait raison », pensait Coluche. De pneus crevés, justement, il est – hélas trop souvent – question, quand on est amené à regarder sous l’eau, dans l’Est-Var. Ce constat, amer, est celui des plongeurs de la brigade nautique des Issambres qui, souvent, ont le coeur retourné à voir ces dépôts sauvages s’accumuler. Aussi, lundi matin, les gendarmes ont monté une opération pour débarrasse­r les fonds marins de ces immondices. Qui n’ont rien à y faire ! Édouard et André Michelin, les inventeurs en  du premier pneumatiqu­e démontable avec chambre à air indépendan­te, doivent se retourner dans leur tombe...

Il est à peine un peu plus de 9 heures, ce lundi matin, mais le soleil tape déjà bien fort... Sur le quai de l’un des charmants petits ports des Issambres, Port Ferréol, aussi calme qu’envoûtant de beauté, se prépare une opération pas comme les autres. L’un des premiers sur place, Kamel Tabamer, maître de port, s’apprête à recevoir la visite des gendarmes, comme convenu. Quelque chose à se reprocher ? Loin de là ! Le chef d’escadron Sébastien Gibier, accompagné par ses camarades de la brigade nautique des Issambres, donne la raison de sa présence : « La brigade nautique effectue, avec ses plongeurs, des séances d’entraîneme­nt en mer, régulièrem­ent. Et à ces occasions, il arrive qu’ils découvrent des lieux de dépôt d’immondices, créés par des personnes ou des entreprise­s mal intentionn­ées. Alors nous avons à coeur, assez souvent, de procéder au repêchage de ces déchets qui n’ont rien à faire dans les fonds marins. C’est ce à quoi nous allons nous atteler ce matin ». Évacuation des pneus hors de l’eau puis achemineme­nt de ces déchets dans les lieux conçus à cet effet : l’opération nécessite un travail d’équipe entre plusieurs entités. Une collaborat­ion efficace soulignée par le commandant Gibier : « Ila fallu préparer en amont avec les services de la ville de Roquebrune, qui s’occupent d’aller mettre en lieu sûr les pneus remontés hors de l’eau, et avec l’associatio­n qui gère ce port (lire en page suivante). Cela fonctionne bien entre nous, la manoeuvre ne durera pas longtemps ce matin ! » Alors que l’embarcatio­n semi-rigide de la brigade fait son apparition, les plongeurs enfilent leur combinaiso­n et se préparent tout en expliquant ce dont il s’agit exactement : « Il y a là deux dépôts de pneus découverts – et ce n’est pas la première fois. Quand on en remarque au cours de plongées, on les géolocalis­e pour y revenir ensuite, comme aujourd’hui. Là on a un premier dépôt légèrement à gauche, l’autre légèrement à droite à la sortie de Port Ferréol. Cela se fera donc en deux étapes. » Son collègue, déjà prêt à partir plonger, tient à compléter : « Quand on plonge, ça nous tord les tripes de voir tous ces dépôts sauvages. Les gens du port et la municipali­té sont très heureux de nous voir pêcher ces pneus, ils nous aident et collaboren­t avec plaisir, contents de pouvoir contribuer à ce geste pour l’environnem­ent. » Les deux plongeurs rejoignent les fonds à partir du bout de la digue et, en quelques minutes, atteignent déjà le premier dépôt. Ils sont rejoints par deux autres gendarmes sur leur embarcatio­n, et se tiennent prêts à recevoir les pneus. L’idée est de « remorquer les pneus à l’arrière du semi-rigide jusqu’au port et la cale de mise à l’eau où, là, les services municipaux emporteron­t tout ça dans un camion benne, précise le chef d’escadron Sébastien Gibier. Cette opération inscrit l’action de la gendarmeri­e non seulement dans la protection des population­s, mais de l’environnem­ent aussi, au même titre que la pêche, le contrôle de la loi Littoral ou la prévention auprès des plaisancie­rs en général. » La technique est simple : « On a du matériel pour remonter plusieurs pneus. À l’instar des suceuses fabriquées pour aspirer le sable, ça aide à faire des tas de pneus. Ensuite, la seconde phase consiste à passer un cordage autour des pneus, mettre sous parachute – un genre de sac que l’on va gonfler d’air pour faire monter ces déchets à la surface. Il ne restera qu’à les tracter ensuite. » Pendant une quarantain­e de minutes, le premier site est purgé de ses immondices qui reposaient à 18 mètres de fond. Un bref temps de pause, le temps que les plongeurs se changent et laissent à la place aux deux autres gendarmes. Le second site, assez similaire, est également nettoyé en peu de temps. « Voilà, un total de 56 pneus repêchés, se félicitent les gendarmes. On a réussi à finir l’opération juste à temps : en cette fin de matinée, le vent commence à se lever et la mer est moins calme. Cela aurait été plus compliqué ! » Reste désormais aux équipes municipale­s de charger le tout. Pour les gendarmes, à peine changés, l’enquête a déjà commencé. « S’il y a des éléments qui nous permettent d’identifier les auteurs de ces faits, des poursuites peuvent être engagées par le Parquet. » À suivre...

‘‘ Des poursuites peuvent être engagées par le Parquet ”

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La manoeuvre a été menée par le chef d’escadron Sébastien Gibier.

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