Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Matras : « Valoriser les pompiers volontaires »
Le député de la 8e circonscription du Var a présenté sa proposition de loi qui vise entre autres à améliorer le modèle de sécurité civile
Verra-t-on bientôt publiée, au Journal Officiel, une loi « Matras » ? C’est tout le mal que l’on souhaite au jeune député La République en Marche (LREM) de la 8e circonscription du Var, Fabien Matras. Auteur et rapporteur d’une proposition de projet de loi qui pourrait être votée en fin d’année, l’ex-maire de Flayosc entend consolider le modèle de sécurité civile et valoriser le volontariat des sapeurs-pompiers. Alors que le texte a été déposé hier soir à l’Assemblée nationale, le parlementaire présente le résultat de son travail.
Comment est née cette proposition de projet de loi ?
Pour commencer, j’ai voulu m’engager dans ce combat dès le début de mon mandat, dans la continuité de mon travail d’élu local. J’étais pompier volontaire avant d’être député, je suis forcément sensible à ce sujet. Si je n’avais pas été élu maire, j’aurais sans doute continué dans cette voie-là. C’est quelque chose qui me tenait à coeur. Quand je me suis mobilisé sur ces questions, Gérard Collomb (alors ministre de l’Intérieur, Ndlr) m’a confié une mission sur le volontariat chez les sapeurs-pompiers.
Une mission qui devient un projet de loi. Comment ?
J’ai fait partie d’une équipe, avec la sénatrice Catherine Troendlé, l’ancien président de la Fédération des pompiers de France, un membre du Medef, et Olivier Richefou, qui représentait les Départements, financeurs des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS). On avait rendu propositions au gouvernement. Une partie d’entre elles étaient du domaine réglementaire et ont été mises en oeuvre ou sont en train de l’être. L’autre partie relevait du domaine législatif et a donc inspiré ce projet de loi. On travaille sur ce texte depuis deux ans et demi, avec le groupe d’études sur les sapeurs-pompiers que je préside à l’Assemblée, et avec les pompiers eux-mêmes. Pour au final un total de articles.
Quels sont les objectifs de cette loi ?
Le premier axe, celui qui est à l’origine de la proposition de projet de loi, c’est la valorisation du volontariat. C’était le coeur du premier rapport.
Le volontariat est effectivement indispensable chez les sapeurspompiers en France…
Quand on prend les chiffres, huit pompiers sur dix sont des volontaires. L’idée, c’est de récompenser cet engagement.
Comment ?
La disposition majeure, c’est la bonification de la retraite des sapeurspompiers. Mais aussi de faire en sorte que lorsqu’un pompier est blessé ou malade, si ses affections sont liées à son engagement, qu’il soit mieux reconnu et accompagné. Par exemple, pour les fonctionnaires, c’est de leur octroyer un grade supérieur. Sans oublier, bien sûr, la reconnaissance en tant que pupille de la Nation des enfants de volontaires décédés en intervention. Mais il faut aussi faciliter l’engagement volontaire.
De quelle manière ?
Cela doit passer notamment, dans la fonction publique, par des mutations fluidifiées. Dans le privé, il s’agit de faire en sorte que les pompiers volontaires recrutés puissent avoir des validations d’acquis en interne afin par exemple de lui décerner le titre de secouriste du travail, qui est un poste obligatoire pour les entreprises.
Est-ce aujourd’hui compliqué de devenir volontaire ?
Un engagement de volontaire, c’est un engagement à trois entre le pompier, le SDIS et l’employeur. Il faut que chacun s’y retrouve et qu’on lève le frein au volontariat.
Ne faut-il pas davantage de pompiers professionnels ?
Quand vous prenez les pompiers volontaires, ils n’ont pas forcément envie d’être professionnels. Ce sont des gens qui aiment leur boulot et qui voient leur engagement uniquement via ce volontariat. C’est un statut à préserver. D’autant que quand vous avez la tenue, on ne sait pas qui est pro ou qui est volontaire. On a tous les mêmes compétences.
Sur le volet de la sécurité civile, que comporte la loi ?
On a voulu créer une meilleure synergie entre l’ensemble des acteurs qui interviennent dans la chaîne de secours. Cela passera par le numéro unique, qui mettra dans la même salle les médecins régulateurs du Samu et les sapeurs-pompiers, deux maillons essentiels. À Montauban, c’est déjà comme ça. Et on se rend compte que ça marche vraiment bien.
Il est aussi question des carences ambulancières. Qu’est-ce que c’est ?
Les sapeurs-pompiers interviennent sur la voie publique, et quand ce n’est pas le cas, le est censé envoyer des ambulances privées. Le problème, c’est qu’il n’y en a pas assez, et donc ce sont les pompiers qui sont mobilisés. Ce n’est pourtant pas forcément le rôle du pompier d’accompagner quelqu’un qui doit aller passer une radio à l’hôpital. Ça pèse sur le moral des troupes. Et c’est un coût pour le SDIS : il est remboursé de la même façon que le seraient les ambulances mais il mobilise davantage de moyens. Ce qu’on veut, c’est définir la carence ambulancière afin de faciliter le remboursement, mais surtout de retarder ces interventions non urgentes, ce qui n’est pas possible aujourd’hui.
Ce texte a-t-il été influencé par la crise sanitaire ?
L’ensemble des articles étaient déjà en réflexion avant. Mais avant la crise du Covid, certains points du texte n’étaient pas définitifs. Avec le coronavirus, ça a conforté certains besoins, comme le numéro unique.
Votre texte a-t-il des chances de devenir une loi ?
J’ai le soutien du ministère de l’Intérieur. Cette proposition de loi est reprise par le groupe LREM, portée par la majorité. Reste à savoir quand elle sera inscrite au calendrier. Ce sera en septembre ou en décembre.
Vous en êtes fier ?
Oui, beaucoup. Ce sera pour moi l’événement marquant de mon mandat. Ça arrive après des années de travail, c’est valorisant.