Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Tabac : y a-t-il encore un intérêt à passer la frontière ?
Les députés ont voté, jeudi 9 juillet, un amendement qui divise par quatre les possibilités d’achat à l’étranger. De quoi décourager les habitants de la région de faire le voyage jusqu’en Italie
Hormis la principauté d’Andorre pour laquelle rien ne change (on peut toujours en ramener 1,5 cartouche par personne), les consommateurs vont donc devoir limiter leurs achats de cigarettes et de tabac dans tous les pays frontaliers. Qu’en pensent-ils ? Eh bien, pour certains, pas grand-chose… C’est le cas d’Hubert, un retraité mentonnais venu faire ses emplettes habituelles à scooter chez le buraliste du pont Saint-Ludovic : « Cette mesure ne me dérange absolument pas. J’habite juste à côté et faire l’aller-retour n’est pas un problème. Quand je vais au marché, je pousse jusqu’ici, c’est ce que j’ai toujours fait. » Combien de cartouches dans son sac ? « Une seule. Ma provision pour la semaine. » Hubert n’avait donc aucune crainte d’être contrôlé. Et d’ailleurs, il ne l’a pas été en retraversant la frontière… Jérôme, lui, est presque là par hasard. Originaire de l’Ardèche, il est venu passer quelques jours à Menton avec sa famille. Lui aussi s’est montré raisonnable : une cartouche achetée et trois paquets de tabac. Sur la question de la pertinence de l’amendement voté le 8 juillet, il a un avis tranché… « Pour moi, ce n’est pas une bonne idée, parce qu’il y aura toujours des vendeurs à la sauvette, et donc ça ne changera rien au problème. C’est comme l’augmentation des prix : ceux qui ne peuvent se passer de la cigarette se fournissent ailleurs. Si on veut que les gens retournent chez les buralistes français, il faut faire en sorte qu’il y ait moins de différence entre un paquet acheté en France et à l’étranger. » Et puis voilà Claudia et Tony, des Niçois. Plutôt contre l’idée de restreindre la quantité de cigarettes autorisées à passer en douane… « On ne vient pas spécialement ici pour acheter du tabac. Mais quand on va au marché à Vintimille, on en profite. Parce qu’au niveau financier, c’est quand même intéressant. Donc, on s’arrête et on prend ce qu’il nous faut pour un mois. La mesure ? Elle ne servira à rien : quand on est fumeur, on est prêt à prendre des risques. Donc, les gens achèteront la quantité qu’ils veulent… ou arrêteront de fumer. »
« Ça va accentuer le marché noir »
Que dit enfin le patron volubile de ces fructueux commerces de ventes de tabac, Marcello Orengo ? Pour l’heure, il ne peut encore mesurer l’impact que le vote des députés français aura sur son chiffre d’affaires. Mais il le reconnaît : « Bien sûr que ça va jouer, mais ça va surtout accentuer le marché noir. Et puis, que veut-on ? Que les Français ne viennent plus en Italie ? Ce n’est pas correct, parce que nous aussi nous faisons vivre l’économie française. Mon message, il est simple : Italiens et Français, il faut qu’on s’aime, il faut qu’on se fréquente. Et vive la vie ! »