Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Je passe mon temps à faire la police ! »
Mireille est furieuse : «Je passe mon temps à faire la police des masques ! Toute la journée, j’interpelle les gens qui se baladent sans masque dans la galerie pour faire respecter le règlement du centre Mayol. Pourtant, c’est affiché en grand dans l’entrée ! » Adjointe à la gérante de La Brioche dorée, dans le centre Mayol de Toulon, Mireille impose le masque dans son commerce et les clients s’y plient volontiers : « Quand ils mangent, ils le retirent bien sûr, mais dès qu’ils circulent, cela devient un réflexe de le mettre.» Pour elle, le non respect du port du masque pourrait avoir des conséquences plus générales : « Si trop de gens se promènent sans masque, on risque de fermer nos commerces, et moi, je ne veux pas. C’est notre emploi qui se joue ! »
Insultes et menaces
Mais pour son civisme, Mireille et ses employées ont déjà reçu des menaces et des insultes. Ce n’est pas le cas de Jennifer, salariée dans le magasin de chocolat Jeff de Bruges qui prend toujours soin de vérifier que les clients ont leur masque sur le visage avant de les servir. « Il est déjà arrivé que quelqu’un se fasse reconduire à l’extérieur par les agents de sécurité s’il n’acceptait pas le port du masque. Normal : la règle s’impose à tous », confie-t-elle. À l’étage, les serveurs du restaurant KuDéTa sont tous équipés : « On sert masqués aussi bien à l’intérieur que sur la terrasse », indique Pierre, le gérant. Au rez-de-chaussée, le personnel du barbier Barbe à Papa (Anthony, Kenzo et Pierre), est doublement prudent. « Moi, je porte une visière et, en dessous un masque ! C’est nécessaire car nous manipulons cheveux et poils de barbe de très près.»
Masques offerts à la CPAM de La Rode
Du côté des administrations, chacun met en place un protocole précis. Au centre des impôts de Toulon, la plus grande vigilance est de mise depuis hier matin : la porte se referme sitôt que 20 contribuables sont entrés dans les murs. Les autres patientent, avec leur masque, dehors, ce qui provoque des délais d’attente conséquents... et de l’énervement. Dans le quartier de La Rode, la CPAM (caise primaire d’Assurance-maladie) a établi deux couloirs de passages, marqués par des rubans fluos : les assurés avec rendez-vous et les assurés sans. Chacun patiente sous un soleil de plomb. Des agents de sécurité font entrer les Toulonnais au fur et à mesure, de telle sorte qu’il n’y ait jamais plus d’une dizaine de personnes dans les locaux, distanciation sociale oblige. « Nos quatre bornes multiservices sont désinfectées trois fois par jour et si des assurés sociaux n’ont pas de masque pour entrer, nous leur en fournissons », explique Fanny Anic-Mongin, sous-directrice chargée des services et de la relation clients. Partout, le gel hydroalcoolique est à profusion. Policiers municipaux (sur la voie publique) et agents de surveillance (dans les parties commerciales privées) sont attentitfs aux « visages nus ». Une amende de 135 euros est toujours prévue. Et redoutée.