Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Alexandre Coste : du street art aux dessins animés
Dessinateur de métier, il vient de réaliser l’adaptation de la BD du youtubeur Cyprien en mangacartoon, et s’évade avec ses tableaux dans un style romantique noir, sous le pseudo de Biney
Il nous accueille attablé au restaurant de son frère, Le Bistrot, place Aubin. Sur le mur en face, une de ses fresques, un marin enlaçant sensuellement sa fiancée. Alexandre Coste est surtout connu à Toulon sous le nom de Biney, à travers ses oeuvres de street art. Cela fait pourtant belle lurette qu’il n’habite plus ici, et nous sommes venus découvrir cette fois sa deuxième vie, presque aussi cachée que la première, celle de réalisateur de dessin animé. Le dessin chez lui, « c’est de famille », dit-il aujourd’hui avec fierté. Son père dessinait plutôt des robes, celle de son atelier de confection, qu’il vendait ensuite sur les marchés de la côte. Alors qu’il range ses tables à la fin du service, son aîné de 10 ans, David, commente au passage : « Ils ont tout mis dans mon frère ! », manifestement pas touché par la grâce, ou plutôt par celle du commerce.
« Je voulais créer des robots »
Pourtant pas facile d’être doué avec un crayon, dans un système qui relègue la discipline, au mieux, au rang d’option. A rebours des autres, « moi j’avais plutôt une bonne moyenne grâce au dessin », se souvient-il. Après des études à Beaussier, Langevin où il se rêve un temps ingénieur en robotique, - « je voulais créer des robots »-, il bifurque vers la 3D à l’Esra (Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle) à Nice. Après, « j’ai essayé de rester dans la région, mais c’est compliqué », explique le tout jeune trentenaire, qui espère que son témoignage servira à tous les dessinateurs en herbe qui se sentent un peu seuls, quand le reste de la classe boude leur discipline préférée. « Il n’y a pas de studio d’animation, il faudrait une volonté de créer cela ici », imagine-t-il. Une Silicon Valley du dessin animé, sous le soleil du sud ? ll cite, dans un autre secteur, le succès inattendu de Plus belle la vie. Il déplore que « les conseillers d’orientation ne parlent jamais de ce métier. Moimême, je ne pensais pas que c’était possible avant ».
D’animateur à réalisateur
Mais reprenons le fil du scénario. Dans ce métier où les rencontres sont primordiales, lui trouve sa chance, il y a 10 ans, il a alors 22 ans, dans le tuyau donné par un ami parti travailler au Luxembourg sur Titeuf. « Cela a été un vrai long-métrage ». Il enchaîne comme animateur sur Le petit Spirou, série sur TF1, dessinant et donnant vie aux personnages. De retour en France, il passe chef anim’ sur l’adaptation des Minijusticiers de Zep, jusqu’à devenir, aujourd’hui, réalisateur de la première série animée 100 % digitale des éditions Dupuis, l’histoire d’un robot (rattrapé par sa première passion ! ndlr) : Roger et ses Humains. Il s’agit de l’adaptation de la BD du célèbre youtubeur Cyprien (lire cidessous). Une première en France, car produite et diffusée en premium pour youtube, au lieu d’une chaîne télé traditionnelle.
Chaine youtube Roger et ses humains à partir du 22 juillet (Dupuis édition et audiovisuel)