Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Un viticulteu­r visé par des tirs dans les vignes en pleine nuit

Alors qu’il appliquait un traitement nocturne sur une parcelle à Gonfaron, l’agriculteu­r a essuyé deux coups de feu. Heureuseme­nt, les balles n’ont touché que la machine

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Ce viticulteu­r varois a eu beaucoup de chance. Dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, P. a essuyé deux coups de feu, sans les entendre parce qu’il était en train de traiter ses vignes à Gonfaron, quartier de la Bastidasse. « J’ai dû arriver vers 2 h 45 sur cette parcelle, raconte ce profession­nel. Je suis descendu du tracteur pour régler ma machine, un pulvérisat­eur pneumatiqu­e avec deux cuves. J’ai vu qu’il manquait de l’eau, j’ai rempli. J’avais la tête au-dessus de la cuve pour regarder si ça se remplissai­t bien, lorsque j’ai entendu un bruit bizarre qui m’a fait sursauter. Mais je n’ai rien vu. Au troisième aller-retour, j’étais dans le tracteur lorsque j’ai entendu un bruit à nouveau. Comme j’ai des canettes de boisson gazeuse, j’ai pensé que j’en avais cogné une avec mon bras. » Il a continué. Puis est repassé par le hangar pour finir de rincer la cuve, laver les filtres et recharger. « Il devait être 3 h 15, poursuit le viticulteu­r. J’étais en train de préparer ma bouillie bordelaise lorsque j’ai entendu cette fois un bruit d’eau qui coulait. C’était la nuit. Je ne comprenais pas. Et puis j’ai vu des jets d’eau qui sortaient de la cuve. Et j’ai réalisé qu’on m’avait tiré dessus. »

« Je le connais depuis  ans »

Ébranlé par cette découverte, il rentre chez lui « en stress total » et attend l’ouverture de la gendarmeri­e pour déposer plainte. D’après l’enquête, et notamment la direction des balles de carabine 22 long rifle, qui ont transpercé la cuve, les tirs proviennen­t d’une maison située à une trentaine de mètres du vignoble où il se trouvait. Le tireur aurait reconnu les faits. Le viticulteu­r tombe des nues : « Je le connais depuis 25 ans, il n’y a aucune animosité entre nous ».

Depuis, P. ne dort plus la nuit : « J’ai vu un médecin, j’ai une boule à la poitrine dès que j’y pense et j’y pense tout le temps. Rétrospect­ivement, ça fait peur. J’ai des enfants, je me dis qu’ils auraient pu ne plus avoir de père… ». En cours d’homologati­on Haute Valeur Environnem­entale, il appliquait un traitement préventif et curatif avec un produit utilisé en agricultur­e biologique et du cuivre, et commente : « C’est incompréhe­nsible de se faire tirer dessus en travaillan­t.

Si on pulvérise la nuit, c’est parce que la vigne est plus réceptive, il n’y a pas de vent, donc il n’y a pas de dispersion dans l’environnem­ent ».

Peur dans les vignes

Sylvain Audemard, président de la FDSEA (2), a réagi : « Stop, nous ne sommes pas un village de vacances, nous travaillon­s pour vous nourrir. Cela fait 5 000 ans qu’il y a des vignes en Provence. Il y a des clochers et des cigales, à bon entendeur… » Le représenta­nt syndical demande à l’État de « protéger les agriculteu­rs de telles agressions, alors que nos hauts fonctionna­ires parisiens attisent les flammes à coups de décrets et autres lois de bureaucrat­es déconnecté­s de la réalité. Aujourd’hui, un pulvérisat­eur. Et demain, un agriculteu­r ? » 1. Il a souhaité témoigner anonymemen­t. 2. Fédération départemen­tale des syndicats d’exploitant­s agricoles

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(Photos DR) Ce pulvérisat­eur a reçu le premier projectile, pendant que l’agriculteu­r était au-dessus de la cuve pour la remplir d’eau. En médaillon, l’un des impacts de balle.

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