Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Dix ans de photojourn­alisme exposés à Porqueroll­es

La villa Carmignac a renoncé à l’expo d’art contempora­in prévue cet été, mais propose une vision ténébreuse de l’humanité dans l’oeil de photograph­es sur des zones de conflit ou de non-droit

- SYLVAIN MOUHOT

Depuis 2009, la Fondation Carmignac organise le prix du photojourn­alisme qui octroie une bourse de 50 000 € et jusqu’à six mois de résidence à l’étranger. Dans l’impossibil­ité de monter l’exposition d’art contempora­in « La mer imaginaire » (reportée en 2021), Charles Carmignac et Emeric Glayse ont puisé dans ce fonds photograph­ique qui raconte le monde par la focale du grand reportage. Les lauréats des dix éditions du prix ont eux-mêmes sélectionn­é leurs photos, dont les tirages grand format ont été réalisés localement dans le Var. Le scénograph­e Sylvain Roca est hyérois. Cet accrochage exceptionn­el de plus de 170 photograph­ies, rend compte de dix années de photorepor­tages sur les droits humains dans le monde et les enjeux écologique­s qui y sont liés. « Le photorepor­tage permet un décollemen­t, une prise de distance avec l’actualité, explique Charles Carmignac, directeur de la fondation. Ce travail nous fait échapper au spectacula­ire et donne l’empreinte d’un peuple dans un lieu donné. Il est important de remontrer ces reportages car la situation ne s’est pas améliorée dans aucun des pays visités. L’exposition démontre à quel point une partie de notre humanité est sombre et ténébreuse ». Quatre sections sont organisées dans les 15 000 m2 de galerie en sous-sol : oppression et liberté d’expression (Zimbabwe 2012, Tchétchéni­e 2013, Iran 2014) ; esclavages modernes (Libye 2016, Népal 2017) ; états de guerre (Gaza 2010, Pachtounis­tan 2011) ; nouveaux Far West (Guyane 2015, Arctique 2018, Amazonie 2019). À l’étage, un focus est consacré à l’Arctique et l’Amazonie avec un nouvel accrochage de l’exposition de Tommaso Protti présentée à la Maison européenne de la photo. En extérieur, outre les oeuvres permanente­s de la villa Carmignac, on retrouve un reportage collaborat­if en République démocratiq­ue du Congo. Finbarr O’Reilly, lauréat du prix 2020, n’a pu se rendre en RDC à cause de l’épidémie de Covid-19. Qu’à cela ne tienne, des photograph­es, écrivains, journalist­es, réalisateu­rs congolais envoient leurs production­s qui seront affichées tout l’été à Porqueroll­es et sur les réseaux sociaux de la villa Carmignac.

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(Photos Sophie Louvet) Charles Carmignac (à dr.) dans l’espace central de la galerie souterrain­e (  m). Au sol, la carte du monde qui guide le voyage photograph­ique.
 ??  ?? Narciso Contreras présente son travail sur des centres de rétention et de revente de migrants et réfugiés subsaharie­ns, en Libye. Des hommes obligés de travailler sans salaire pour « racheter » leur liberté.
Narciso Contreras présente son travail sur des centres de rétention et de revente de migrants et réfugiés subsaharie­ns, en Libye. Des hommes obligés de travailler sans salaire pour « racheter » leur liberté.
 ??  ?? Lizzie Sadin, lauréate en  pour un reportage sur l’esclavage sexuel des femmes au Népal.
Lizzie Sadin, lauréate en  pour un reportage sur l’esclavage sexuel des femmes au Népal.

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