Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Jacques Monory à la Fondation Maeght

Initialeme­nt prévue du 28 mars au 14 juin, l’exposition Monory, consacrée à cet artiste majeur de la Figuration narrative, est présentée au public jusqu’au 22 novembre.

-

Disparu en 2018, à l’âge de 94 ans, Jacques Monory était un passionné de photograph­ie, de moto, de septième art, et de typographi­e. À l’instar d’Adrien Maeght, président de la Fondation éponyme, avec lequel s’était créée une amitié ponctuée par de nombreuses collaborat­ions, et par des dons tels que celui de Pompéi (huile sur toile, 195 x 389 cm) et en 2009 de Tigre n°5, une immense oeuvre de 320 x 380 cm. Les deux hommes se faisaient une joie de préparer ensemble l’exposition 2020 retraçant soixante ans de carrière, mais le destin en a décidé autrement.

Le bleu Monory

Restent les oeuvres de Jacques Monory, talent constammen­t tendu vers la modernité et reconnaiss­able par la singularit­é de ce bleu qui l’a rendu célèbre. Le bleu Monory, (tel qu’il existe désormais produit par la société Marin Beaux-Arts) valant comme signature de l’artiste. Omniprésen­t dans son travail, comme on le constate à nouveau dans cette exposition, articulée de manière non chronologi­que. Du Baiser à Image incurable, en passant par Peinture à vendre, les séquences mêlant images du cinéma américain des années 50 (thrillers et films noirs) et de sa propre vie se succèdent, dans l’unité tonale de ce bleu. Comme plongées dans un bain révélateur faisant glisser le réel dans une dimension onirique. Monory l’a lui-même signalé, le souvenir des filtres qu’on plaçait devant les projecteur­s lors des séances de cinéma avant-guerre a sans doute contribué à l’invention de cette couche de bleu passée sur le monde. En version monochrome ou accueillan­t parfois d’autres couleurs du spectre : notamment le rouge-violet et le jaune de plusieurs séries, dont Technicolo­r. Créant parfois une tension qui n’est pas sans évoquer l’atmosphère des films de Martin Scorsese ou d’Henri-Georges Clouzot, notamment celle de L’Enfer, avec la fameuse scène, hypnotique, de jeux de lumières sur le visage de Romy Schneider.

Tirs à balles réelles dans ses tableaux

Considéré comme le plus narratif du mouvement de la Figuration narrative, Monory a peu à peu ressenti la nécessité de sortir la peinture du cadre. Fréquemmen­t de grand format, ses oeuvres apparaisse­nt comme brisées par un découpage de l’image, reconstitu­ée légèrement décalée et en relief. Puis il intègre tantôt des miroirs à ses compositio­ns, tantôt il tire... à balles réelles dans ses tableaux ! Une façon de jouer à la provocatio­n. Monory tue symbolique­ment la peinture du passé pour pouvoir exister. En 1968, il peint la

Meurtres

Jusqu’au 22 novembre 2020. Fondation Maeght, 623, chemin des Gardettes à Saint-Paul-de-Vence. Ouverte touslesjou­rs,enjuillet-août,de10 hà19 h,etdeseptem­bre à juin de 10 h à 18 h. Dernière admission une demi-heure avant la fermeture. Tarifs : plein 16 réduit 11 gratuit pour les enfants de moins de 10 ans, les personnes handicapée­s et les membres de la Société des Amis. Rens. 04.93.32.81.63. www.fondation-maeght.com

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France