Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Zidane, roi du Real

- CHRISTOPHE DEPIOT

C’était au cours de l’année . A Monaco. Zinedine Zidane, alors joueur de la Juventus, et Florentino Perez, président du Real Madrid, se retrouvent à un dîner de gala de l’UEFA, en Principaut­é. Pendant la soirée, Perez griffonne quelques mots en français sur une serviette, qu’il tend discrèteme­nt à Zidane : « Tu veux venir jouer au Real Madrid ? » D’un coup de stylo, «Yes» répond en anglais (allez savoir pourquoi), le champion du monde... L’histoire est en marche. Zizou est présenté au stade Santiago Bernabeu en juillet . Le Real a déboursé  M€, c’est à l’époque le transfert le plus cher de l’histoire ! Un peu comme un père et son fils, Perez ( ans aujourd’hui) et Zidane ( ans) vont nouer et nourrir leur relation, ne vont plus se quitter, ou si peu, et accumuler conjointem­ent titres et gloire. En , le duo est plus que jamais d’actualité. Perez fête cette année ses  ans à la tête des Merengues et Zizou vient de lui offrir, il y a quelques jours, un e titre de champion d’Espagne. Oui, Zidane est le roi du Real.

C’est l’histoire d’un conte de fées. D’un compte de faits aussi. L’histoire d’un gosse de La Castellane, dans le 16e arrondisse­ment de Marseille, devenu roi de Madrid. C’est l’épopée de deux hommes, liés par le destin mais surtout l’amitié. Le respect. L’exigence. L’admiration réciproque. Florentino et Zizou. Le Real, depuis sa création en 1902, illustre et immaculée conception d’un football espagnol chevaleres­que et triomphant, n’avait peutêtre pas besoin d’eux, après tout... Santiago Bernabeu et Alfredo Di Stefano avaient déjà, dans les années 50, donné ses lettres de noblesse à l’institutio­n et posé les bases de la légende. La ‘‘Quinta del Buitre’’, plus tard, se chargerait d’entretenir l’héritage et de continuer à moissonner coupes, titres et lauriers. Mais ces deux-là, Perez et Zidane, attelage pas si improbable de deux taiseux bâtisseurs et conquérant­s, ont magnifié jusqu’à l’extrême, en deux décennies, ce qui n’avait pas, finalement, nécessité de l’être.

 titres,  victoires

S’il a tout gagné sur le champ, Zizou l’a réédité plus encore sur le banc. Toujours en blanc.

On peut prêter aux statistiqu­es vertu ou inutilité. N’empêche... Dès lors qu’il a endossé le costume d’entraîneur du Real Madrid, flanqué du fidèle David Bettoni des années cannoises, Zidane a compilé. Accumulé. Séduit. Epaté surtout. Peut-être moins du reste, par sa capacité à traduire sur le terrain un football impitoyabl­e, acéré, protéiform­e et/ou enjôleur, que celle d’essaimer l’idée d’un football travailleu­r. Parce que travaillé. Généreux aussi. De copains. Des copains dans le vestiaire égocentré et souvent boursouflé d’orgueil du Real ? Seul Zidane sait faire ! Les chiffres l’attestent. Depuis qu’il a remplacé Rafael Benitez au pied levé le 4 janvier 2016, la méthode Zidane, la philosophi­e Zidane, s’est imposée à tous. 11 trophées sont venus se ranger sagement dans la salle déjà densément pourvue du Stade Bernabeu. En 210 matchs exercés depuis le bord de la pelouse, l’ex-Galactique en a gagné 141 et perdu seulement 26, pour 43 nuls. Zizou est aujourd’hui le 3e entraîneur de l’histoire du Real Madrid au nombre de matchs dirigés.

Sur les traces de Munoz

Le Marseillai­s se rapproche de Vicente Del Bosque (246) mais devance déjà Leo Beenhakker (197) et José Mourinho (178), autres figures de la Maison Blanche. Il lui reste cela dit du chemin à parcourir pour venir tutoyer le maître absolu, Miguel Munoz, ancien joueur du Real devenu entraîneur lui aussi. Lequel, de 1959 à 1974, avait décroché la bagatelle de 9 titres de champion d’Espagne, 2 Coupes du Roi et autant de C1 ! Qui sait ? Avec Zizou dans le rôle du ‘‘Mister’’, comme ils disent de l’autre côté des Pyrénées, l’inaccessib­le n’a pas lieu d’être. On pourra toujours achopper et se demander ce que serait le Real de Zidane sans le brassard de Ramos, sans les palanquées de buts - en son temps - de Cristiano Ronaldo, sans l’altruisme de Benzema... La question ne se pose pas. On peut plutôt s’interroger sur ce que serait le Real, sans Zinedine Zidane ? Il serait le Real, toujours ! Mais ce ne serait pas tout à fait la même chose...

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