Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les professionnels comptent % de leur chiffre d’affaires perdu
Les Anges du feu vivent l’enfer. La micro-entreprise de Nicolas Malbranque, basée à La Seyne, a du plomb dans l’aile. « Je tire des feux d’artifice pour des privés et pour des petites municipalités. D’habitude, j’en tire cinq ou six pour le 14 juillet, cette année, zéro », souligne ce passionné. Il espère « que ça reprendra pour l’événementiel en septembre/octobre. J’ai quelques dates qui sont encore maintenues. Je suis dans l’incertitude ». Mais il ne se fait guère d’illusion «Depuis lundi, ça se durcit. Cela se comprend, on est toujours dans la crise sanitaire ». Il travaille également pour une société varoise, Colors Events production, avec laquelle il a tiré deux feux le 14 juillet. Et relativise sa situation, estimant ne pas être le plus à plaindre: « J’ai déclaré ma situation au fonds de solidarité pour les entreprises, je n’ai pas de stock à gérer heureusement. J’arrive à m’en sortir ».
Son prochain feu d’artifice est prévu en Corse fin septembre pour un mariage, alors qu’il réalise aussi des prestations d’organisation de spectacle « pour rester au contact » de la clientèle.
% du chiffre d’affaires perdu
À Carnoules, où se trouve le siège de Colors Events production, la réalité est identique : M. Garcia, salarié de cette entreprise depuis 15 ans, l’a reprise avec sa compagne. « C’est notre troisième saison en tant que gérants, on a perdu 90 % de notre chiffre d’affaires cette année ». Concrètement, cela représente trois feux tirés les 13 et 14 juillet dans les Alpes-Maritimes et les Bouches-du-Rhône, contre un peu moins d’une cinquantaine auparavant. « On a fait le feu de Montfort-sur-Argens ce week-end, c’est la seule chose qu’on a pu sauver dans le Var. Et on va refaire Beuil et Isola 2000 [Alpes-Maritimes, Ndlr.]. Ce matin Callas a annulé son feu du mois d’août », précise Ange Garcia. Actuellement, il resollicite les petites communes et s’inquiète pour le mois d’août. Il n’a qu’une dizaine de commandes. « Toute la profession est dans la même situation, mais nous ne sommes pas les plus à plaindre, poursuit-il, car nous sommes agents de la société Pyragric, l’un des leaders en France. Nous n’avons pas de personnel ni de stock, donc pas d’avance de trésorerie à faire. »
Pas de visibilité
Chez Bugat pyrotechnie, « c’est le flou artistique depuis le mois de mars. Cet été, on a tiré un feu dans le Var aux Arcs-sur-Argens, et deux ailleurs, indique François-Xavier Cuissard, établi à Sainte-Anastasie-sur-Issole. D’habitude on en a une dizaine ». La maison mère est dans le Sud-Ouest mais les artificiers travaillent aussi dans les départements du Var et des Alpes-de-Haute-Provence. « Lundi j’ai encore eu un spectacle annulé, à La Roquebrussanne. Il nous en reste en principe encore cinq à faire : au Muy, à Trans-en-Provence et Cotignac ». Comment gérer une telle situation ? « Comme on peut, répond le spécialiste. On a anticipé sur du montage. Les conceptions de spectacles sont prêtes, les artifices montés, mis en carton, au cas où une commande arrive. On a des clients qui essaient d’organiser des feux avec le protocole. Mais pour certaines communes, en fonction de leur topographie, c’est compliqué. Aux Arcs, c’était facile, on tire sur une zone avec une seule entrée pour filtrer le public ».
Certains risquent de mettre la clé sous la porte
Mais pour tous les gros spectacles pyrotechniques sur le littoral « c’est la catastrophe. On tire depuis des barges sur la mer et le public est sur la plage. Il ne peut pas être comptabilisé. Économiquement c’est terrible même si on comprend la problématique sanitaire ». Pour le moment François-Xavier Cuissard et les autres salariés de Bugat pyrotechnie n’ont pas de visibilité. Pas plus que leur patron, Denis Lagrange. Celui-ci assure avoir perdu 90 % du chiffre d’affaires. L’entreprise vend aussi des artifices à d’autres professionnels. « Notre plus gros client est très impacté car il a de gros spectacles annulés. Nous avons du matériel qu’on stocke dans le SudOuest, cela a un coût aussi. De toute façon, petites ou grosses structures sont logées à la même enseigne. Certains risquent de mettre la clé sous la porte », redoute-t-il. Tout en souhaitant « sauver quelques tirs au mois d’août, même si ça ne sera pas suffisant ».