Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Dans ce village en cascade où le passé coule à flots Callas

Sous une falaise, entre d’étroites ruelles, les souvenirs des villageois dévalent en calades. Venez découvrir ce qui y ruisselle

- ANAÏS GRAND agrand@nicematin.fr

Chaque samedi cet été, partez à la découverte d’un village. Ses lieux incontourn­ables, ses visages emblématiq­ues, ses mystères… Venez visiter !

Vous m’avez bien adopté ! » Un verre à la main, à l’heure de l’apéro, Christophe Pradourat sourit à ses nouveaux amis. Originaire du Gard, il est arrivé à Callas il y a quelques années – par hasard. « C’est surtout parce que tu as fait l’effort de t’intégrer », justifie Line Mistral entre deux gorgées de rosé. Aujourd’hui conseiller municipal, il participe à l’identité du lieu. « Car ici, nous sommes une grande famille. C’est cela, notre mentalité », sourient en choeur Daniel Maria, le maire, et Danielle Sance-Venturino, figure emblématiq­ue du village.

Génération après génération

Construit sous une falaise, en cascade, Callas en tire son étymologie. Impossible, donc, de se perdre. Ni dans son appellatio­n, ni dans l’étroitesse de ses ruelles. Il suffit d’y monter… ou d’y descendre. « Nous nous efforçons de préserver les escaliers d’origine. Nous les extrayons, les nettoyons, et les remettons en état », détaille l’édile. Chaque pierre rouge est issue des Gorges de Pennafort.

Les autres viennent des différents ruisseaux alentour. En haut du village, les deux célébrités locales s’arrêtent devant le lavoir. S’il a été restauré depuis sa création, en 1851, les souvenirs n’en demeurent pas moins authentiqu­es. « Il était alimenté par la source du Cadet, qui desservait d’abord la fontaine du Barri. Autrefois, les bugadières ne pouvaient pas l’utiliser à plein temps. Pendant les vendanges, le lavage des tonneaux passait en priorité. Mais il n’est plus utilisé depuis 1950, date de l’arrivée de l’eau courante. Callas a été l’un des premiers villages à l’avoir », explique Daniel Maria.

Le gel de 

Derrière son épaule, les yeux de Danielle Venturino brillent. Elle se souvient parfaiteme­nt de cette date. Elle partait avec son père se laver à l’étage – construit en 1928 – juste au-dessus de l’édifice. « Cinq ans avant la fermeture définitive, j’allais dans les cabines. À gauche, c’était les garçons. À droite, les filles, pointe-t-elle en clignant de l’oeil. L’eau était chauffée à l’électricit­é. » Depuis, rien n’a changé. Ou presque. Car il manque encore une connexion moderne. « La fibre optique doit arriver en 2021. Nous cacherons donc les câbles, et certaines façades d’immeubles seront repeintes », explique le maire. Certaines sont en piteux état. Pour la plupart, elles ont été laissées à l’abandon après la Première Guerre mondiale. « Le gel de 1956 a été le coup fatal. Les oliviers sont morts, la main-d’oeuvre n’existait donc plus, alors les familles partaient. Sur 3 000 habitants, il n’en restait plus que 600 » , décrit Daniel Maria. Mais dans les années 1970, la population explose à nouveau. Années de liberté : un camping naturiste ouvre ses portes. Et les commerces redéploien­t leurs ailes. Sur la place Clemenceau, les fêtes votives gagnent en succès. Mais les enfants manquent souvent à l’appel, travaillan­t dans les grandes villes. « Résultat, les anciens avaient du mal à faire perdurer les traditions. C’est encore le cas aujourd’hui. Mais ce n’est pas grave ! Nous innovons », lance la retraitée avec panache.

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(Photos Sophie Louvet) Construit sous une falaise, en cascade, Callas en tire son étymologie.
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