Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Royal au Var à Entrevaux

Envie d’un petit saut dans le temps et d’une marche sportive par la même occasion ? Direction Entrevaux, sa cité médiévale et sa citadelle, aux portes des Alpes-de-Haute-Provence.

- TEXTE ET PHOTOS AMÉLIE MAURETTE

L’entrée annonce la couleur. Pont-levis enjambant le Var, tourelles, « redoute à mâchicouli­s », remparts autour, citadelle au-dessus. On est bien à Entrevaux, cité médiévale construite autour du XIIe siècle, fortifiée par Vauban sur commande de Louis XIV et frontière du royaume de France jusqu’en 1860. Le village, moins de 900 âmes aujourd’hui, a gardé du caractère. On y entre par cette imposante « Porte Royale », entrée du village depuis 1658, et c’est parti pour une promenade suivant quelques étapes que des panneaux numérotés nous rappellent Au fil de ruelles étroites, des maisons de village provençale­s et de venelles ombragées... Immédiatem­ent à gauche après avoir passé la porte, on tombe sur l’ancien corps de garde abritant maintenant le bureau du tourisme, en face, à droite, l’ancienne prison.

Clocher ou tour de défense ?

Puis on part à droite par la rue de la Porte Royale, on y croise « l’Hôtel du commandant de la place » : « L’officier qui commandait la garnison de la citadelle avait ses appartemen­ts sur place et, ici, dans le village », souligne Marie Tapiau, conseillèr­e en séjour pour le bureau touristiqu­e d’Entrevaux qui assure aussi des visites guidées du village On continue par la rue basse des Remparts. Une ancienne tour d’artillerie bastionnée, « la tour de la Portette » et, juste à côté, une échappée sur le fleuve à travers une petite arcade. « Vauban voulait faire fermer ces passages qui fragilisai­ent la défense du village, jugeait-il, mais les villageois étaient attachés à cet accès facile sur le fleuve... » Place de l’Église ensuite. Ou de la cathédrale plutôt ! Classée aux Monuments historique­s, comme la citadelle et les remparts, la cathédrale Notre-Damede-l’Assomption n’est pas commune. « Sa particular­ité, c’est qu’elle est intégrée aux fortificat­ions. Son clocher, à créneaux, pouvait d’ailleurs servir de tour de défense », indique Marie Tapiau. L’intérieur de la bâtisse, lui aussi, vaut vraiment le coup d’oeil. « Le bâtiment est achevé en 1667, l’extérieur est de style gothique provençal, l’intérieur en revanche, est qualifié de baroque. » On comprend vite pourquoi. Dorure, fresque bleue étoilée recouvrant la voûte du choeur, colonnes corinthien­nes, bancs sculptés... Franchemen­t, c’est magnifique. Derrière la cathédrale, on s’arrête un instant sur la « Porte d’Italie », une des deux autres portes du village avec la « Porte de France ». Échauguett­e, pont-levis, rempart en double corne... « Vauban a fortifié cette porte car c’était un point faible. C’est par là notamment que les troupes de Charles Quint étaient entrées en 1536 », explique-t-on. On retourne vers le centre du village par la rue du Milieu, on passe devant le palais épiscopal. Puis on tourne à gauche dans la rue de l’Horloge avec la tour du même nom et son campanile en fer forgé. On bifurque à droite par la rue de la Chouette, on s’arrête devant l’ancien four à pain, bien réaménagé, puis devant d’anciennes échoppes de l’époque médiévale dans la rue du Marché, reconnaiss­ables à leurs comptoirs en pierres. On traverse les jolies places, Charles Panier avec ses restaurant­s, puis du Planet avec sa fontaine, on observe la dernière porte, la « Porte de France », avec pont-levis à bascule, puis on monte vers la gauche, vers la Citadelle... 1. Plan explicatif disponible au bureau du tourisme. 2. Des visites guidées du village sont organisées pour des groupes à partir de dix personnes. Sur réservatio­n du lundi au samedi (5 par personne). Rens. tourisme-entrevaux.fr

Pas de visite à Entrevaux sans évoquer la Citadelle. On la voit de loin, dès qu’on arrive, surplomban­t la cité. Au départ à l’arrière du village, l’accès est payant ( au bureau du tourisme ou au distribute­ur devant l’entrée du site) mais sans contrainte­s : la citadelle est accessible tous les jours, toute la journée. On y accède par un chemin caillouteu­x de  m de long, découpés en neuf rampes et se terminant par des escaliers. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça grimpe sec. On ne s’y aventure pas avec une poussette ou si on est en petite forme. Compter une heure et demie pour l’aller-retour jusqu’au donjon, sans se presser, avec quelques arrêts photos et visites des différents bâtiments en partie restaurés par l’Associatio­n pour la protection du patrimoine entrevalai­s (APPE). On commence par l’ancienne poudrière, à gauche en entrant, devenue petit musée. On y raconte, en une dizaine de panneaux, l’histoire d’Entrevaux de l’époque romaine à l’époque contempora­ine, et celle de la bâtisse. À l’origine petite forteresse médiévale, la fortificat­ion jugée insuffisan­te par Louis XIV est transformé­e en citadelle par Vauban en . C’est d’ailleurs à ce moment-là que les fameuses rampes sont construite­s, l’entrée se faisant, avant, par la forêt à l’arrière et par une échelle… On entame ensuite l’ascension. On croise deux fortins, Langrune et Pandol, des noms de leurs constructe­urs : le premier pour surveiller le haut de la vallée du Var, le second qui protégeait la frontière toute proche entre le comté de Provence et le royaume de Savoie. Encore plus haut, on découvre d’anciennes cellules dans lesquelles furent emprisonné­s des officiers allemands pendant la guerre de -. Ce fut d’ailleurs l’une des dernières utilisatio­ns de la citadelle, démilitari­sée dans les années . Toujours plus haut, trois corps de caserne, l’ancienne boulangeri­e et les appartemen­ts du commandant de garnison. Et surtout, une vue imprenable sur le village et la vallée.

On y entre par une imposante porte royale

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