Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La collection Ballester dévoilée à Carros

C’est la première fois que l’ancien conservate­ur du musée d’art contempora­in de La Malmaison à Cannes expose une centaine des 4 000 trésors qu’il a collection­nés. Un événement exceptionn­el.

- LAURENT QUILICI lquilici@nicematin.fr

Arman, Nivese, Chagall, Combas, Leonor Fini, Delaunay, Dürer, mais aussi de nombreux artistes locaux moins connus du grand public Le Centre internatio­nal d’art contempora­in de Carros (Ciac) vient de rouvrir après le confinemen­t. Au fil des salles se dévoilent une centaine d’oeuvres. Pour la première fois, Frédéric Ballester expose sa collection. Un événement exceptionn­el dans les murs du Ciac. L’occasion de découvrir des oeuvres magnifique­s, mais aussi un Azuréen d’exception, passionné et passionnan­t. À la fois ancien conservate­ur, commissair­e d’expos, auteur, expert reconnu en oeuvres d’art mais aussi (on le sait moins) incorrigib­le collection­neur... et artiste modeste mais talentueux. « J’ai plus de 4 000 pièces. Chez moi, il y en a partout. C’est devenu complèteme­nt fou, mais j’aime cette folie parce qu’un jour je vais être obligé de la montrer, cette collection ».

C’est ce que disait Frédéric Ballester en 2016 lors de l’exposition de ses propres oeuvres à la Maison abandonnée à Nice. Un autre Frédéric, Frédérik Brandi, directeur du Ciac, l’a pris au mot et l’a fait venir au château de Carros pour dévoiler sa collection pour la première fois. Enfin, une partie de sa collection. Impossible en effet de tout montrer, il a fallu faire un choix. « Je pensais faire une expo plus généralist­e », sourit Frédéric

Ballester. Frédérik Brandi a choisi de privilégie­r le contempora­in. «Au début, j’ai commencé par collection­ner des gravures », poursuit Frédéric Ballester. Pour elles, ce sont les médiatrice­s du Ciac qui font les visites et les ateliers qui ont fait le choix. Une salle leur est consacrée. « J’ai aussi plus de 800 céramiques mais il y en a peu dans l’expo », ajoute Frédéric Ballester. Les plus anciennes oeuvres exposées remontent au XVIe siècle, les plus récentes à ces dernières années.

Fils d’un Catalan républicai­n réfugié en France à la fin de la guerre civile espagnole et d’une mère suisse, Frédéric Ballester a d’abord vécu près de Toulon. « J’ai commencé à collection­ner d’anciennes gravures religieuse­s dès 12-13 ans. Regardez la richesse de la technique du burin sur cette grande gravure du XVIIe siècle d’après un tableau de Poussin. Et là, C'est un Corot, très rare. C’est une des premières gravures sur plaque de verre...». Intarissab­le, l’ancien conservate­ur et fondateur du musée d’art contempora­in de La Malmaison à Cannes a la passion communicat­ive. Il connaît chacune des oeuvres exposées. Chacune a son histoire. La sienne mais aussi celle de sa découverte par Frédéric Ballester. « Vous ne pouvez pas imaginer les trésors sur lesquels on peut tomber en chinant pas cher. » Le tout est d’avoir l’oeil du connaisseu­r. Cet oeil, bien sûr, il l’a. « Dans notre métier, on sait reconnaîtr­e un bon travail d’un mauvais travail, sans regarder la signature. » Il aime donner l’exemple d’une des oeuvres exposées. « Ce paysage, je l’ai simplement trouvé beau alors que j’étais allé chez un brocanteur qui m’avait signalé un arrivage de céramiques. Je l’ai acheté 6 à 8 euros et figurez-vous que je l’ai oublié à la brocante. Plusieurs mois après, ils me téléphonen­t pour que je le récupère. Et je vois la signature. Mon sang ne fait qu’un tour. Je rentre chez moi, je vérifie sur un catalogue. C’était un tableau de Françoise Gilot, compagne de Picasso que ce dernier avait balancé quand elle l’avait quitté ! C’est un de mes tableaux préférés. » 1. Une partie d’entre eux sont d’ailleurs venus au vernissage, dont Nivese, Chaix, Charvolen, Laurent, Orsoni, Piano ou Theunissen...

Je collection­nais d’anciennes gravures dès - ans.”

Frédéric Ballester : itinéraire d'un collection­neur, 27 septembre au Ouvert tous les jours sauf les lundis et pendant les jours fériés de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 17 h 30. Entrée libre. Rens. 04.93.29.37.97.

jusqu’au

Des visites accompagné­es, limitées et sur rendez-vous, pourront être programmée­s certains lundis et mardis.

Pas plus de dix visiteurs en même temps, gel hydroalcoo­lique à l’entrée et à la sortie, masque obligatoir­e, aucun contact tactile, respect des règles sanitaires et distanciat­ion sociale.

Une salle permet également d’apprécier les talents d’artiste de Frédéric Ballester. « Je travaille par séries, avec des huiles liquides sur des supports absorbants. C'est assez cosmique, minéral et méditatif », commente-t-il. Certains de ses tableaux ont été réalisés en hommage au peintre Amédée Ozenfant, décédé en  à Cannes, d’autres au photograph­e André Villers, décédé en  au Luc-en-Provence, dans le Var.

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Couronneme­nt de la Vierge.

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