« Le Liban est en faillite » : l’appel aux dons d’une franco-libanaise

Manque de produits de première nécessité, vagues de licenciements, effondrement de sa monnaie… Le Liban s’enfonce dans la pire crise économique de son histoire moderne. Pour venir en aide aux personnes les plus touchées, la Franco-Libanaise Odette Chesnot, présidente de l’Association libanaise des victimes du terrorisme, lance un appel aux dons, depuis Nice où elle séjourne actuellement.

Quel impact cette crise a sur la population ?

Plus de  % des Libanais vivent en dessous du seuil de pauvreté. Il n’y a presque plus de classe moyenne. C’est le peuple, les jeunes, les travailleurs qui sont touchés. Soit ils sont licenciés, soit ils sont payés en livres libanaises, mais la livre a perdu  % de sa valeur. Tous les produits manquent, surtout pour les enfants, les couches, le lait… Et le prix de ce qui ne manque pas a été multiplié par cinq. Les gens n’arrivent plus à payer. Les générateurs d’électricité n’ont plus assez de gasoil pour fonctionner, donc il y a des coupures de trois à quatre heures par jour. C’est un pays en faillite. Tous ceux qui peuvent partir le font. Ils disent : « Jetez-nous n’importe où, mais qu’on sorte de cet enfer. » Ceux qui restent sont ceux qui aident des parents âgés.

Comment expliquer cette situation ?

C’est un système qui arrive à bout. Depuis trente ans, ce sont les mêmes mafieux qui dirigent le pays. Ils l’ont asséché. Après la forte contestation contre la corruption en octobre, le Premier ministre a démissionné, mais rien n’a changé. Il faut que toute la classe politique change, que tout s’effondre pour reconstituer un nouveau pays. C’est trop corrompu, jusqu’au fond du fond.

Le Covid- a été le coup

de grâce ?

Le Liban est un pays qui importe tout. On a une production locale très limitée, donc on dépend de l’étranger. Les premiers cas ont été les étudiants vivant ailleurs, qui ont été obligés de rentrer car leurs parents ne pouvaient plus leur transférer d’argent. Maintenant, on a un pic de cas. Il y a un manque de médicaments énorme. [Mercredi], le ministre de la Santé a dit qu’on entrait dans une zone où plus rien n’était sous contrôle.

À quoi serviront les dons ?

Ils permettront d’acheter des produits de base, qui seront envoyés par conteneur en septembre. Sur place, ils seront donnés en priorité aux personnes âgées et aux orphelins, de toutes régions et de toutes religions.

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(Photo Éric Ottino) Odette Chesnot lance une cagnotte pour la population libanaise.