Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’extraordinaire inventaire du Muséum du Var
Quelque 200 000 pièces, certaines datant du XVIIIe siècle, sont entreposées dans ses réserves. Elles sont en ce moment répertoriées. Plusieurs proviennent du département
En pénétrant dans les réserves du Muséum départemental du Var, on s’apprête à revivre La nuit au musée, quand le gardien, alias Ben Stiller, découvre que les expositions prennent vie. Dans cet endroit de l’agglomération toulonnaise, tenu secret pour éviter toute intrusion, « quelque 200 000 objets sont conservés », révèle Andréa Parés, conservatrice du muséum. Tout un salmigondis endormi, parfois depuis le XVIIIe siècle et peut-être il y a plus longtemps encore, puisqu’un inventaire est en cours. Inventaire qui va permettre d’alimenter la prochaine exposition du musée, à partir d’octobre, sur les oiseaux et les oeufs.
Des oeufs de Gastornis dans le Var
Gastornis est déjà prêt pour le show. Cet oiseau géant, qui mesurait jusqu’à deux mètres, a vécu à la fin du Paléocène et au début de l’Éocène, soit environ entre 56 et 41 millions d’années, après l’extinction des dinosaures. Un impressionnant moulage grandeur nature, reconstitué à partir d’ossements trouvés entre autres, dans le bassin parisien, a été réalisé. Il a aussi vécu dans le Var, puisqu’il y a laissé des coquilles d’oeufs brisées, exhumées dans les réserves. Considéré comme un super prédateur, la science a fini par démontrer qu’il était végétarien. Il y a deux ans, le musée a récupéré à Salernes une collection d’oiseaux empaillés, abandonnés dans une vieille vitrine, elle-même oubliée dans les combles d’une maison : trois hérons, une perdrix, un hibou Grand Duc, des flamants roses... Soit 35 pièces de la collection d’un Monsieur Ribout. Certaines sont datées de 1860. Ce Monsieur Ribout est cité dans la revue française d’ornithologie, au chapitre des oiseaux observés dans la région de Fréjus, de janvier à fin avril 1917, pour son étourneau roselin, lui aussi ramené de Salernes.
Le squelette d’un dinosaure à Canjuers
Compsognathus est un petit dinosaure qui vivait en Europe à la fin du jurassique. C’était il y a 150 millions d’années. Son squelette parfaitement fossilisé a été découvert en 1970, dans le camp militaire de Canjuers, par des paléontologues niçois. « Ce territoire est une mine d’or, annonce Jérémy Migliore, adjoint à la conservatrice, référent biodiversité et généticien de formation. Compsognathus signifie « mâchoire élégante ». Il était bipède, rapide et agile. Il mesurait jusqu’à 1,4 mètre. » Il n’existe qu’un seul autre exemplaire complet au monde, trouvé en Allemagne.
Servir la science
Une mâchoire de Cachalot, 40 000 planches d’herbiers parfois uniques et souvent du XVIIIe siècle, 150 000 insectes, tels les scarabées ou les papillons, des algues et des poissons, des graines, des coquillages, des lapins, un crâne d’éléphant, des os, des dents, des minéraux, des serpents, un squelette de gorille, des oiseaux, toutes sortes de mammifères... c’est un inventaire à la Prévert que l’équipe réalise. « Aujourd’hui, il ne serait plus possible d’effectuer ces prélèvements » souligne Andréa Parés. Cependant, certaines collectes pourraient révéler des secrets, dans quelques années, au fur et à mesure des avancées de la science. « Par exemple comment les plantes ont résisté aux changements climatiques. Des études génétiques peuvent y répondre à partir de quelques milligrammes de feuilles des herbiers conservés dans les réserves » explique Jérémy Migliore. En attendant, un thésard, est venu chercher des poux dans le pelage d’un chimpanzé d’Afrique, naturalisé au XVIIIe siècle. Il a trouvé poux et lentes, les a prélevés pour les étudier, avec peut-être une découverte à la clé.