Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La phobie de l’eau n’est pas inéluctable !
Depuis que vous êtes enfant, vous souffrez d’une peur panique à l’idée de vous baigner, vous avez l’impression que vous allez vous noyer ? Vous pouvez surmonter cela en vous faisant aider
Pour les uns, impossible de mettre la tête sous l’eau, pour d’autres c’est carrément le fait de se trouver au bord d’une piscine ou à la plage qui les paralyse. La peur de l’eau ou aquaphobie (qui se rapproche de la thalassophobie, la peur de la mer) peut toucher n’importe qui et survenir à tout âge. Et dans une région comme la nôtre, elle peut vite s’avérer problématique et entacher la qualité de vie. Certaines personnes ne peuvent ainsi plus emmener leurs enfants au cours de natation ou envisager de passer des vacances sur le littoral tant ces situations les angoissent. Elles mettent en place des stratégies d’évitement pour ne pas se retrouver dans un cas de figure qui pourrait les stresser. Pour autant, il ne faut jamais s’avouer vaincu car les phobies, quelles qu’elles soient, peuvent se soigner. Le Dr Camille Vermeren, psychiatre installée à la polyclinique SaintJean de Cagnes-sur-Mer, reçoit régulièrement des personnes dans ce cas. « Il ne faut pas hésiter à se faire accompagner parce que l’on sait que lorsqu’une phobie s’installe pendant plus de 6 mois, elle ne disparaîtra pas toute seule. En se faisant aider, en travaillant avec un professionnel, on peut s’en sortir et surtout regagner en qualité de vie. » Concernant la peur de l’eau, les causes sont multiples… mais parfois, l’individu concerné ne parvient pas à expliquer ce qui en serait à l’origine. « Lorsque l’on reçoit un patient, on évoque sa vie, son parcours, ce qui lui est arrivé. Souvent, il va expliquer qu’on l’a poussé dans l’eau quand il était petit et qu’il a eu peur de se noyer, ou bien qu’il a assisté à un événement traumatisant au bord de mer… Ce genre de chose est assez courant. Mais parfois, il ne trouve pas d’événement particulier à quoi il peut relier sa phobie. C’est donc en discutant avec lui que l’on va identifier ce qui ne va pas. Par exemple, cela peut être lié à un stress au travail, à une personnalité anxieuse, etc. »
La psychiatre souligne que les individus phobiques sont tout à fait lucides – inutile donc de leur faire remarquer qu’ils ne craignent rien au bord de la plage, ça ne les aidera pas, au contraire. « Ils reconnaissent eux-mêmes le caractère irrationnel de leurs craintes. Pour autant, ils font un blocage et ne parviennent pas à les surmonter. C’est problématique dans le sens où cela peut avoir un impact sur l’estime de soi ou créer un sentiment de culpabilité. » Concrètement, ils risquent de se dire « je suis nul de ne pas réussir à dépasser ma peur », et entrer dans une forme de mal-être. D’où l’intérêt de se faire aider par un professionnel. Car l’estime et la confiance en soi, ça se travaille en thérapie. Le Dr Vemeren utilise plusieurs techniques pour aider un patient à se débarrasser de sa phobie : les TCC (Thérapies comportementales et cognitives), des techniques psychanalytiques mais aussi… la réalité virtuelle, afin de l’exposer à l’objet de ses angoisses (lire ci-contre). Tout l’objectif de la thérapie est donc d’apprendre à contrôler ses appréhensions, d’utiliser des méthodes pour canaliser les montées de stress face à la situation problématique. Bien sûr tout ce qui est valable pour l’aquaphobie l’est aussi pour les autres phobies. Certes, on peut vivre avec, en évitant de se confronter à ses craintes. Mais autant mettre à profit son énergie pour s’en débarrasser et retrouver le plaisir d’accompagner ses proches à la plage. Quand on vit en PACA, ce serait d’autant plus dommage de s’en priver.
Se faire accompagner pour apprendre à gérer les phobies
Dr Camille Vermeren
Psychiatre