Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La fin annoncée des terrasses chauffées inquiète les restaurate­urs de l’Est Var

- V. G. vgeorges@nicematin.fr

La fin annoncée à moyen terme des terrasses chauffées fait bouillir les profession­nels de l’Est Var. « Si la convention citoyenne pour le climat préconise cela, et bien que le gouverneme­nt fasse payer les impôts aux citoyens, s’agace Jean Guidicelli, du restaurant Les Sablettes à Fréjus plage. Parce que les vaches à lait, quand on les tue, elles ne donnent plus de lait...» Ce patron résume de façon imaginée, l’exaspérati­on d’une profession, qui vient de traverser une période difficile, avec trois mois de fermeture pendant le confinemen­t, et une clientèle estivale très différente des autres années, puisque les étrangers, souvent à fort pouvoir d’achat, sont absents.

Un faux problème

« L’annonce est trop floue, estime Damien Torres, propriétai­re de l’Évasion, à port Fréjus. Je ne sais pas si je serai concerné, on n’a pas de parasols chauffants, on a des climatisat­ions réversible­s et des chauffages électrique­s. Mais d’un point de vue économique, ce sera sans doute une perte de chiffre d’affaires. » Son établissem­ent fait partie de ceux qui tournent toute l’année, et le chauffage des terrasses est, à ses yeux, un faux problème : « Ce n’est pas la cause du réchauffem­ent climatique. Quand on voit ce qu’il se passe, notamment dans le secteur des transports, les bateaux de croisière qui produisent du CO2, les camions, et les grosses usines polluantes dans la région de Marseille... Il y a plein d’autres sujets à traiter avant de pénaliser les restaurate­urs. » Malgré tout, il se conformera à la loi, dit-il. À Saint-Raphaël, Michel Fontana, gérant de l’hôtel-restaurant Le Touring, fait la même analyse : « Ce sera pénalisant si nous ne pouvons plus chauffer la terrasse. Cela représente vingt à trente couverts supplément­aires. Quand on n’avait pas le chauffage, on travaillai­t moins. C’est vraiment un plus, on a vu la différence. C’est bien connu, le monde attire le monde. Aux vacances de Noël, les gens viennent sur la Côte, ils veulent manger dehors. Les gens sont pour l’écologie mais ils aiment leur confort. Et la clientèle locale, notamment le vendredi soir et le samedi soir, veut aussi profiter de la terrasse, mais elle est frileuse. »

On s’adaptera à la loi

Le profession­nel ajoute : « Qu’au niveau écologique, on veuille réduire le gaspillage de l’énergie, je l’entends. C’est peut-être bon pour la planète mais pas pour le commerce. Au niveau économique, avec la situation qu’on vient de traverser, cela représente­ra un manque à gagner. Quoiqu’il se passe, le Touring s’adaptera à la loi ».

Juste à côté, à la Pignatta (la Factory), la déception est la même : « On a un système de chauffage électrique qui chauffe quatre heures par soir, et ça attire du monde. Si on ne peut plus l’utiliser, les gens vont avoir froid, on va perdre de la clientèle, redoute la gérante, Mme Amaro. Quant aux plaids que certains établissem­ents proposent déjà en hiver, elle estime que «ce n’est pas très hygiénique. Et avec le Covid, ce n’est pas une bonne idée ». Reste à savoir commente cette annonce du gouverneme­nt se traduira concrèteme­nt et à partir de quand.

 ?? (Photo V. G.) ?? Michel Fontana, gérant de l’hôtel-restaurant Le Touring, estime qu’après la crise traversée par sa profession, la fin annoncée des chauffages sur les terrasses est une mauvaise nouvelle. Mais on respectera la loi, dit-il.
(Photo V. G.) Michel Fontana, gérant de l’hôtel-restaurant Le Touring, estime qu’après la crise traversée par sa profession, la fin annoncée des chauffages sur les terrasses est une mauvaise nouvelle. Mais on respectera la loi, dit-il.

Newspapers in French

Newspapers from France