Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les Monts Rieurs retrouvent enfin la scène
Après l’annulation de soixante dates à cause de la pandémie, les artistes originaires de Méounes retrouvaient la scène à Garéoult. Une reprise entre soulagement et inquiétudes
Vendredi soir, il régnait un parfum d’impatience sous la tente de la compagnie des Monts Rieurs. À l’occasion d’un concert organisé par la municipalité de Garéoult, les Méounais reprenaient, enfin, le chemin de la scène. Cette prestation marquait la fin d’une disette – provoquée par la pandémie et les règles relatives aux rassemblements – pour les professionnels. Lorsque les premières notes de musique ont résonné, on sentait dans l’air un soulagement, celui d’être enfin sorti d’une phase d’incertitude inédite pour les intermittents du spectacle.
Annulations à la pelle
Alors que le collectif commençait l’année sur les chapeaux de roues en allant se produire à Taïwan (voir par ailleurs), les mesures sanitaires ont provoqué un séisme dans le monde du spectacle. La compagnie qui fait travailler une grosse vingtaine de personnes a vu 60 dates de son calendrier s’envoler en l’espace de trois jours. Sur le planning de l’année, seulement quatre rendez-vous restent inscrits à travers la France (dont Garéoult).
Chômage partiel
La compagnie n’a pas échappé au chômage partiel et s’est lancée dans un nouvel exercice. « Ç’a été une grande balançoire émotionnelle, admet Philippe Gall, chargé de production et musicien. On a fait un gros travail de recherches d’aides auprès des institutions.
Certaines compagnies se sont retrouvées à la rue… » Même si de nombreuses interrogations persistent, une « année blanche » a été validée au Journal officiel. Les intermittents du spectacle ont leurs droits prolongés jusqu’au 31 août. « On a eu ce soutien, reconnaît-il. Nous ne pouvons pas reprocher à l’État d’avoir essayé de sauver ce qui pouvait l’être. »
Retour à la création
Comme pour beaucoup de personnes, le confinement a été le temps du rangement. Faire ce dont on ne prenait pas le temps. Cet entracte a été propice pour composer. « Deux spectacles ont été créés pendant le confinement, livre Florinda Garcia-Madrid, directrice artistique. Le premier sortira cet hiver avec des échassiers lumineux : Chandelle (chant et théâtre). L’autre, prévu pour 2022, est un théâtre burlesque sur le deuil. On est en pleine écriture. » Le nombre d’artistes par spectacle est cependant revu à la baisse, comparé à une saison classique. Le groupe a bûché en télétravail, déjà de rigueur dans la structure, et s’est réuni dans une maison prêtée par un proche pour répéter.
Positiver d’un avenir fragile
Pour Philippe Gall, pragmatique, on philosophe : « Peut-être qu’avec le confinement, les gens vont se rendre compte qu’il y a des belles compagnies près de chez eux ». « A priori, notre saison 2020 est reportée à l’année prochaine, pointe Florinda Garcia-Madrid. On a des promesses de contrats. La structure peut tenir… pour l’instant. » En effet, les mois qui arrivent font office de sursis. Si 2021 réserve le même sort, la culture pourrait sombrer, malgré l’attachement du public.