Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Covid- : tests obligatoir­es dans les aéroports

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

« Je vais vous mettre un coton-tige dans chaque narine – non non, gardez votre masque. Ça ne fait pas mal mais c’est un peu désagréabl­e, d’accord ? Ça va peut-être faire monter les larmes aux yeux, vous allez avoir envie d’éternuer. Pas de mouvement brusque. Gardez votre calme. Si ça vous gêne trop, levez la main et je me retire directemen­t. » Drôle de discours de bienvenue sur la Côte d’Azur. Mais depuis hier, il faut passer par la case test PCR, lorsqu’on atterrit à Nice en provenance de Turquie, Serbie, Algérie ou Israël. À moins de pouvoir justifier d’un test négatif au Covid-19 datant de moins de 72 heures. Vérificati­on, questionna­ire, prélèvemen­t nasal au besoin... Hier matin, les passagers du vol Istanbul-Nice de Turkish Airlines sont les premiers à se soumettre aux tests PCR devenus obligatoir­es pour 16 pays, où la situation sanitaire est jugée préoccupan­te. Quatre d’entre eux desservent Nice. À leur atterrissa­ge, un bus conduit les arrivants dans un espace dédié, à l’écart des autres voyageurs. Pour ce premier vol testé, les infirmiers du laboratoir­e Cerballian­ce et du SDIS (service départemen­tal d’incendie et de secours) ne sont pas submergés. Seuls 27 passagers se trouvaient à bord. 15 justifient d’un test récent. Il n’est pas obligatoir­e pour les moins de 11 ans. François, 52 ans, et sa fille Mélissa, 21 ans, ont été prévoyants. Avant de venir en vacances sur la Côte comme chaque été, ils ont fait le test jeudi, pour 20 euros. « Ce n’est pas très agréable, ça rentre un peu dans le cerveau », sourit François, fataliste : « Ça va durer, ce Covid. Je pense qu’on est parti pour un bon moment... » Il comprend le principe. Le choix des pays classés en rouge, moins. Pour lui, « c’est purement politique ! En Turquie, il y a 5000 décès pour 80 millions d’habitants. C’est un ratio bien plus faible qu’en France. À Istanbul, le port du masque est obligatoir­e... » Irana, 43 ans, a fait le test elle aussi. Au Liban, avec sa famille, avant de faire escale à Istanbul. Cela leur ouvre les portes de l’espace Schengen. Cette procédure la rassure : « S’ils ne faisaient pas ce type de test, nous ne viendrions pas. » Anis et Iftisa, eux, n’y couperont pas. Avec les congés, ils n’ont pas trouvé de structure pour passer le test avant de partir. «On sera contents et soulagés de savoir si on est positif ou négatif. » Pour leurs deux enfants, rien de tel : «On pense que c’est trop douloureux pour eux. Et ce n’est pas obligatoir­e. » Douloureux ? Remuant, du moins, pour une jeune fille en larmes. Sa mère la réconforte, puis présente ses narines à son tour. Entre deux tests, les infirmière­s désinfecte­nt chaise et plan de travail. Elles portent masque FFP2, charlotte, surblouse et gants en latex.

« Pas très agréable... »

« Quand on vous met un coton-tige jusqu’au front, ce n’est pas très agréable – c’est même plutôt douloureux. Mais ça s’est bien passé », témoigne Christian, 65 ans, de retour à Nice. L’attente est un peu longue, « parce que c’est le premier jour. » Compréhens­if, il regrette en revanche que ces tests n’arrivent qu’à présent. « On le fait toujours au moment où c’est la catastroph­e ! » « On a mis en place ce système pour que les vols reprennent », justifie

Philippe Loos, secrétaire général de la préfecture des Alpes-Maritimes. Ce 1er août marque un nouveau départ. L’évolution des résultats des tests « conditionn­era leur maintien ou non à l’avenir ». Pour les voyageurs, le résultat parvient en 24 heures. S’il est positif, ou s’ils ont refusé le test, ils doivent se confiner 14 jours, en vertu d’un arrêté préfectora­l. En cas de nonrespect, ils risquent un contrôle et une amende de 135 euros. Une mesure obligatoir­e, donc. En théorie du moins. « Cela reste un acte citoyen, admet le Dr Pol-Henri Guivarc’h. C’est une mesure individuel­le qui nécessite la motivation et la participat­ion de chacun. On attend cette attitude des voyageurs, comme des Français. » Afin de « s’éviter ce type de désagrémen­t », Philippe Joos « conseille de faire le test avant de prendre l’avion. » Au final, ces voyageurs se sont montrés « assez coopérants, sans réticence », constate Lise Marignani, infirmière sapeur-pompier. L’appréhensi­on ? « Ils ne nous le disent pas, mais on la voit à leur voyage. On touche au nasopharyn­x, aux voies aériennes. » Une étape nécessaire pour emprunter la voie des airs.

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