Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Pour les pieds, c’est la saison des champignons
Plus souvent victimes de petits traumatismes, soumis à la transpiration, parfois mal séchés après la baignade, les pieds sont plus facilement sujets aux mycoses en été
Soumis à une transpiration plus intense, mal séchés après des baignades à répétition, peu protégés des traumatismes dans les tongs ou les sandales, nos pieds sont plus fréquemment victimes de mycoses en cette saison. Trop souvent, on se satisfait d’un traitement en automédication alors qu’un véritable diagnostic s’impose pour venir à bout d’un désagrément qui peut s’éterniser longtemps. Les explications d’Alexandre Akli, vice-président de l’Union régionale des professionnels de santé pédicure podologue. « Une mycose, explique-t-il, c’est un champignon, un organisme vivant : ces champignons (dermatophytes, candida, levures) sont naturellement présents sur notre peau. Le problème survient lorsqu’il y a déséquilibre… Sur la peau du pied, c’est souvent le facteur humidité qui crée ce déséquilibre, notamment une transpiration abondante en cette saison. Sur l’ongle, la mycose résulte plus souvent d’un traumatisme qui vient créer les conditions idéales de développement du champignon. » Il faut noter également que tous les traitements qui baissent l’immunité (contre le cancer notamment) favorisent l’apparition de ces mycoses. S’agissant des mycoses cutanées, « le premier signe, c’est une douleur, une démangeaison, ou parfois de petites plaies entre les orteils. C’est le principal motif de consultation. Ce type de mycose peut s’étendre de façon plus large, et plus la mycose est étendue, plus elle sera longue à traiter », prévient le spécialiste, qui conseille de consulter rapidement. Une mycose de l’ongle est plus difficile à identifier : « Le plus souvent, c’est un changement de couleur de l’ongle qui alerte. Il n’y a pas forcément de gêne ou de douleur. » Ce changement de coloration ne valide cependant pas le diagnostic de la mycose. D’où l’intérêt de consulter avant d’entamer un traitement inutile ! « Cela peut tout simplement être un microtraumatisme avec un ongle décollé, explique le pédicure. Il est parfois nécessaire d’effectuer un prélèvement et une analyse en laboratoire pour poser le diagnostic. »
Traiter et prévenir la récidive
Les mycoses cutanées se traitent assez facilement avec des antifongiques très efficaces, qui permettent d’en venir à bout en une vingtaine de jours environ. « Traiter, ce n’est pas tout, conseille cependant le professionnel de santé. Il faut trouver l’origine du problème, pour éviter les récidives. Cela peut être un défaut de séchage des pieds après la douche qui favorise la macération, un problème de transpiration aggravé par des chaussettes en matière synthétique… » Petit conseil donc, surtout si l’on est sujet aux mycoses : on préfère les chaussettes en coton ou en fil d’Écosse, on bannit le port de chaussures fermées sans chaussettes et on alterne les chaussures, d’un jour sur l’autre, pour leur laisser le temps de s’aérer. Sur l’ongle, le traitement est différent. « On va d’abord retirer la charge mycosique, en enlevant le plus possible de la matière. Poser un vernis pour traiter, sans réaliser cette opération préalable, n’est pas très efficace. Il faut vraiment consulter et faire retirer les parties atteintes. Ensuite, il y a un traitement antifongique, qui ne va pas détruire la mycose, mais stopper sa prolifération. » À ce stade, il faut s’armer de patience. « Plus la mycose est proche de la base de l’ongle, plus le traitement sera long. Cela peut durer jusqu’à douze mois », prévient le pédicure.
C’est aussi pour cela que le diagnostic d’un professionnel s’impose : la plupart du temps, les traitements en automédication sont interrompus trop tôt, faute de résultats qui tardent à venir.
En dernier recours
Précisons enfin que lorsque le traitement de premier recours reste sans effet, il reste la possibilité d’un traitement médicamenteux, prescrit par le médecin généraliste ou un dermatologue. « C’est un traitement qui nécessite une surveillance médicale en raison des risques hépatiques qui y sont liés », précise le soignant. Mais si on prend le problème en compte sans attendre pour poser le bon diagnostic et traiter tôt, on doit pouvoir éviter d’en arriver à cette étape.