Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Tests : le Var est-il prêt ?

- DOSSIER : CATHERINE PONTONE

Le nombre de tests monte crescendo depuis début juillet dans le départemen­t. La prise en charge en marge de l’activité de biologie classique est tendue mais encore « maîtrisée » par les laboratoir­es d’analyses. Elle pourrait se compliquer avec le dépistage massif, faute de moyens humains suffisants

«Je viens me faire tester chez vous parce qu’à Paris, c’est tellement galère avec les files d’attente » :ce biologiste hyérois n’est pas le seul profession­nel de santé varois à recueillir ce type de témoignage­s de touristes soucieux de se faire dépister sur leur lieu de villégiatu­re. Si« la situation est un peu tendue », elle est loin d’être aussi compliquée qu’en Île-deFrance, reconnaît ce biologiste varois. Si la demande s’accentue dans le départemen­t, elle n’est pas comparable à celle vécue dans les laboratoir­es parisiens, où « la demande est gigantesqu­e : jusqu‘à 350 prélèvemen­ts en une seule journée dominicale par deux laboratoir­es demeurés ouverts un dimanche ». Des files d’attente trouvent, aussi, une explicatio­n dans le nombre de profession­nels de santé mobilisés. « Jusqu’à présent, seuls le biologiste et un infirmier pouvaient faire le test, les technicien­s de laboratoir­e, pourtant formés, n’avaient pas le droit de prélever », déplorait, alors, le Dr Laurent Kbaier, ne manquant de faire remonter, avec ses confrères, la problémati­que auprès des autorités.

Le renfort des technicien­s de laboratoir­e

« Nous sommes loin d’être submergés pour le moment. Nous avons du travail certes, mais pour le moment, cela ne déborde pas. Nous sommes en mesure de répondre à tous nos patients et de proposer un test Covid le lendemain au plus tard de la prise de contact, avec un résultat dans les 24 heures maximum. Nous arrivons à répondre, comme dans tous les autres groupement­s, à toutes les demandes », indiquait, il y a quelques jours, ce profession­nel du laboratoir­e Valgora à La Valette. Ce que confirme le Dr Laurent Kbaier, biologiste, responsabl­e du laboratoir­e dans le quartier de la gare à Hyères. Il tourne en moyenne avec entre 40 et 80 personnes venues sur rendez-vous et testées par après-midi. En plus des 130 patients, en moyenne, par jour. Et ce sans compter les laboratoir­es appelés en urgence par l’ARS (Agence régionale de santé) lors de campagnes de dépistages massifs en cas de foyers épidémique­s identifiés.

35 % de hausse

Laurent Kbaier, porte-parole du groupe Biogroup, premier groupement de la région Paca, comptant 106 laboratoir­es entre le Var et les Alpes-Maritimes, le confirme : « Nous avons augmenté notre activité de plus de 35 % sur le Var. Nous faisons à peu presque 5 000 prélèvemen­ts RT-PCR par semaine », explique-t-il. Pour autant, l’activité est soutenue dans les laboratoir­es, celle des tests venant, aussi, se greffer à celle classique de biologie. Cette analyse à l’instant T ne fait que se conforter, ces derniers jours, dans le départemen­t où le nombre de tests monte crescendo. Une augmentati­on qui n’a pas de lien de corrélatio­n avec le nombre de cas positifs ou cas suspects. Il trouve, aussi, son explicatio­n dans la demande exigée des compagnies aériennes et des interventi­ons chirurgica­les. « Elles demandent un test dans les moins de 48 heures » ,notece profession­nel. Ces tests devraient être appelés à se renforcer (lire par ailleurs). Ce qui n’est pas sans soulever des inquiétude­s dans les rangs des biologiste­s, confrontés à la fatigue des personnels sur le pont depuis mars et craignant la seconde vague de tests à la rentrée pour les personnes ayant des symptômes grippaux. « Tous les labos confondus tournent en moyenne en France à 350 000 tests RT-PCR par semaine, soit moins du double de ce que souhaite le ministre de la Santé avec 700 000 tests de prélèvemen­ts par semaine. Si on ne passe pas par une autre façon de faire, cela va être compliqué. Le test salivaire me semble être une solution intéressan­te car on pourra dépister beaucoup plus facilement et plus rapidement », précise le Dr Kbaier. Mais faudra-t-il encore avoir le personnel suffisant pour faire face à cette montée en charge cet hiver : le recrutemen­t en nombre d’infirmiers n’est pas sans poser souci en ce moment.

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(Photos Patrick Blanchard et Éric Ottino) Le test PT-PCR, recherche du virus dans le naso-pharyngé, fait peur. Le geste invasif, pratiqué par un profession­nel de santé formé, est légèrement désagréabl­e, mais ne présente aucun risque.

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