Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Tests : le Var est-il prêt ?
Le nombre de tests monte crescendo depuis début juillet dans le département. La prise en charge en marge de l’activité de biologie classique est tendue mais encore « maîtrisée » par les laboratoires d’analyses. Elle pourrait se compliquer avec le dépistage massif, faute de moyens humains suffisants
«Je viens me faire tester chez vous parce qu’à Paris, c’est tellement galère avec les files d’attente » :ce biologiste hyérois n’est pas le seul professionnel de santé varois à recueillir ce type de témoignages de touristes soucieux de se faire dépister sur leur lieu de villégiature. Si« la situation est un peu tendue », elle est loin d’être aussi compliquée qu’en Île-deFrance, reconnaît ce biologiste varois. Si la demande s’accentue dans le département, elle n’est pas comparable à celle vécue dans les laboratoires parisiens, où « la demande est gigantesque : jusqu‘à 350 prélèvements en une seule journée dominicale par deux laboratoires demeurés ouverts un dimanche ». Des files d’attente trouvent, aussi, une explication dans le nombre de professionnels de santé mobilisés. « Jusqu’à présent, seuls le biologiste et un infirmier pouvaient faire le test, les techniciens de laboratoire, pourtant formés, n’avaient pas le droit de prélever », déplorait, alors, le Dr Laurent Kbaier, ne manquant de faire remonter, avec ses confrères, la problématique auprès des autorités.
Le renfort des techniciens de laboratoire
« Nous sommes loin d’être submergés pour le moment. Nous avons du travail certes, mais pour le moment, cela ne déborde pas. Nous sommes en mesure de répondre à tous nos patients et de proposer un test Covid le lendemain au plus tard de la prise de contact, avec un résultat dans les 24 heures maximum. Nous arrivons à répondre, comme dans tous les autres groupements, à toutes les demandes », indiquait, il y a quelques jours, ce professionnel du laboratoire Valgora à La Valette. Ce que confirme le Dr Laurent Kbaier, biologiste, responsable du laboratoire dans le quartier de la gare à Hyères. Il tourne en moyenne avec entre 40 et 80 personnes venues sur rendez-vous et testées par après-midi. En plus des 130 patients, en moyenne, par jour. Et ce sans compter les laboratoires appelés en urgence par l’ARS (Agence régionale de santé) lors de campagnes de dépistages massifs en cas de foyers épidémiques identifiés.
35 % de hausse
Laurent Kbaier, porte-parole du groupe Biogroup, premier groupement de la région Paca, comptant 106 laboratoires entre le Var et les Alpes-Maritimes, le confirme : « Nous avons augmenté notre activité de plus de 35 % sur le Var. Nous faisons à peu presque 5 000 prélèvements RT-PCR par semaine », explique-t-il. Pour autant, l’activité est soutenue dans les laboratoires, celle des tests venant, aussi, se greffer à celle classique de biologie. Cette analyse à l’instant T ne fait que se conforter, ces derniers jours, dans le département où le nombre de tests monte crescendo. Une augmentation qui n’a pas de lien de corrélation avec le nombre de cas positifs ou cas suspects. Il trouve, aussi, son explication dans la demande exigée des compagnies aériennes et des interventions chirurgicales. « Elles demandent un test dans les moins de 48 heures » ,notece professionnel. Ces tests devraient être appelés à se renforcer (lire par ailleurs). Ce qui n’est pas sans soulever des inquiétudes dans les rangs des biologistes, confrontés à la fatigue des personnels sur le pont depuis mars et craignant la seconde vague de tests à la rentrée pour les personnes ayant des symptômes grippaux. « Tous les labos confondus tournent en moyenne en France à 350 000 tests RT-PCR par semaine, soit moins du double de ce que souhaite le ministre de la Santé avec 700 000 tests de prélèvements par semaine. Si on ne passe pas par une autre façon de faire, cela va être compliqué. Le test salivaire me semble être une solution intéressante car on pourra dépister beaucoup plus facilement et plus rapidement », précise le Dr Kbaier. Mais faudra-t-il encore avoir le personnel suffisant pour faire face à cette montée en charge cet hiver : le recrutement en nombre d’infirmiers n’est pas sans poser souci en ce moment.