Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Avec pour parrain Rémy Julienne, le roi de l’illusion

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« En cinquante ans de carrière, j’ai mon nom sur 1 400 génériques de film. » De La Grande vadrouille ,en passant par les Belmondo, six James Bond ainsi qu’une flopée de films cultes du siècle dernier, l’ancien cascadeur a une filmograph­ie aussi longue qu’une pellicule de film. Aujourd’hui, à 90 ans, il démystifie encore la pratique : « Le cascadeur est souvent perçu comme un casse-cou. Alors que nous faisons de l’action. C’est l’art de l’illusion. Nous ne sommes pas tenus à la performanc­e mais à la magie ».

De la moto aux plateaux

Son titre de champion de France de motocross lui ouvre la porte du cinéma grâce à Gil Delamare, précurseur de l’époque. Son aisance sur les deux-roues et une conduite de tous types de véhicules lui permet de participer à son premier film : Fantômas (1964). « J’ai dû truquer les dates pour passer le permis ». Sa carrière décolle quand il prend la relève de Gil Delamare dans La Grande vadrouille. L’histoire est en route. De garçon paresseux et blagueur, il s’assagit : « J’ai fait mon service militaire dans un régiment de chars d’assaut en Allemagne. Ça m’a appris la discipline et à modérer mes pulsions. A ce sujet, je me suis d’ailleurs fâché avec Jacques Chirac quand, pendant une campagne, il a voulu visiter avec moi un studio. J’ai refusé. C’est l’Armée qui m’a sauvé. Il m’en a voulu… » Pendant sa carrière, il se démarque en prenant conscience de ce « qu’il ne faut pas faire ».« À l’époque, les Américains étaient les meilleurs. Ils étaient dans le gigantisme. S’ils devaient casser 80 voitures, ils le faisaient. »

Autodidact­e, ses méthodes attirent la production des James Bond, où il prend part à six opus. Il participe aussi à des films mythiques comme Le Casse avec JeanPaul Belmondo, – un film où Henri Verneuil voulait en faire le long-métrage inégalable en termes de cascades.

« C’était mission impossible »

Parmi sa filmograph­ie, il se perd parfois entre les réalisateu­rs et le nom des films. « Ma tête a tapé plus d’une fois », ironise-t-il. Mais ses souvenirs de tournage sont intacts. Y compris ses faits d’armes. « La meilleure cascade, c’est celle que j’allais faire, raconte-t-il. Dans La Menace j’ai fait un truc de folie. Le film avait cassé la baraque. Nous tournions au Canada. Yves Montand devait disparaîtr­e d’un camion qui se jetait dans un gouffre en explosant. Même si les camions ça me connaissai­t, c’était mission impossible. J’ai réussi à sauter dans un pick-up qui était à côté. » Lorsqu’on l’interroge sur ce qu’il pense des cascades à l’heure actuelle, il fait la moue : « C’est du virtuel, ça n’a rien à voir… Mais on peut voir que des réalisateu­rs comme Steven Spielberg reviennent à quelque chose de plus convention­nel. » Comme un clin d’oeil entre génies du septième art.

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Rémy Julienne a eu son nom sur les génériques de   films, comme cascadeur ou concepteur de cascades.

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