Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Rocca Sparviera le village des damnés

À vingt-six kilomètres de Nice, un village abandonné en surplomb de Coaraze, offre une belle randonnée. Quatre heures en pleine nature, sans bruit, avec seulement les odeurs de la garrigue.

- TEXTE ET PHOTOS ALAIN MAESTRACCI amaestracc­i@nicematin.fr

Ce n’est pas parce que vous allez un peu souffrir sur les cent derniers mètres que cet endroit est appelé le village des damnés – quoique. Ce surnom – le vrai nom est Rocca Sparviera, rocher des éperviers – lui a été donné car plusieurs légendes courent à son sujet. On dit par exemple qu’au Moyen Âge, la reine Jeanne y aurait retrouvé le soir de Noël ses enfants assassinés ou encore qu’à la Révolution, les résistants niçois (les Barbets) auraient fait manger à des soldats français le coeur d’un officier qui aurait tué le père de l’un des leurs. D’où les damnés... Il y avait de la mort à cet endroit mais aussi de la vie. On a un peu de mal à le croire aujourd’hui en découvrant les ruines mais

Rocca Sparviera comptait autrefois plus de trois cents habitants avec un seigneur, un notaire, un curé. Perché à 1 100 mètres d’altitude, le village s’est peu à peu vidé au XVIIe siècle avant d’être définitive­ment abandonné (lire par ailleurs). Tout est en ruine... sauf la chapelle Saint-Michel. Visiblemen­t rénovée et entretenue, vous pourrez passer la main à travers la grille, faire glisser le loquet et y entrer. En cheminant, vous penserez peut-être comme nous à cette référence cinématogr­aphique No Pain No Gain (on n’a rien sans rien). Mais une fois arrivé au sommet, la récompense : la beauté sublime de la nature. Au départ, tout est sympa. Le sentier est certes un sentier de chèvres mais franchemen­t sans aucune difficulté. Cependant, même d’en bas on distingue les ruines. Là-haut. Très haut. Et on se dit : « Il faut grimper jusque-là ? Mais comment ? »

Comme une apparition

On ne voit pas tout de suite le chemin qui tourne en plusieurs lacets, classique en montagne. Le soleil éclatant, la beauté du paysage et le tintement des clochettes des chèvres qui paissent – mais qu’on n’arrive à voir – sont autant d’adrénaline pour poser un pied devant l’autre. Et, d’un coup, on parvient au col Saint-Michel. Petite pause car il reste à se hisser jusqu’au sommet d’un énorme rocher. On croit qu’on va vite y arriver. Erreur ! Ça monte, sec cette fois, et ça tourne encore. Là c’est plus difficile et il faut faire attention où on pose ses pieds : le pierrier peut être traître. Soudain, au détour de l’un de ces virages, comme une apparition, on découvre la chapelle Saint-Michel. Les ruines sont à gauche. De toutes parts, la nature vallonnée ou montagneus­e s’étend comme un ravissemen­t. C’est notre récompense.

Une fois arrivé au sommet : la récompense...

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