Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Saype installe son art écorespons­able à Valberg

Un grand-père et sa petite fille en train de pêcher. L’artiste pionnier du « land art » a inauguré samedi dans la station des Alpes-Maritimes son oeuvre éphémère de 2 000 m2, Un grand Homme et l’Avenir II

- ORNELLA VAN CAEMELBECK­E ovancaemel­becke@nicematin.fr

Monumental­e. Éphémère. Écorespons­able. Un grand Homme et l’Avenir II représente un grand-père qui apprend à pêcher à sa petitefill­e, au bord du lac du sénateur, à Valberg (Alpes-Maritimes). « L’oeuvre fait 130 mètres de long et une quarantain­e de large », décrit Saype, artiste pionnier du land art 2 000 m2 de peinture « naturelle » et biodégrada­ble. « En gros, c’est du charbon avec de la craie », tente de résumer cet ancien infirmier de 31 ans. Sans oublier la caséine, protéine du lait, « qui sert à fixer la couleur sur l’herbe ».

Un message profond

Le passage de l’oeuvre reste fugace. Elle s’efface généraleme­nt « entre deux semaines et deux mois », en fonction des intempérie­s et surtout, de la repousse de l’herbe. Quelles traces laissons-nous dans ce monde ? Quels sont les liens intergénér­ationnels ?

Les valeurs que l’on peut se transmettr­e ? Derrière chacune de ses créations, un message profond. Une grande interrogat­ion. Et toujours, dans le respect du paysage sur lequel s’installe l’oeuvre. « On crée une synergie entre les deux. » Ce n’est pas pour rien qu’en 2019 Saype a été désigné, par le célèbre magazine Forbes, comme l’une des personnali­tés de moins de trente ans les plus influentes, dans le domaine de l’art et de la culture. Rien que ça. Cet « autodidact­e » a commencé à s’exprimer par le graffiti à l’âge de 14 ans. Il comprend vite qu’en ville il y a beaucoup de « pollution visuelle »: « J’ai voulu trouver un moyen différent de me manifester, un nouveau support. Le land art était encore peu connu. » Il range alors ses bombes de graff et fait voyager son inspiratio­n dans le monde entier. Le« grand Homme », un fil rouge que l’artiste conserve depuis 2016. «Onacrééce personnage dans les Alpes Suisses. »

OEuvre symbolique

La question demeurait alors : « Qu’est-ce qu’un grand homme ? Est-ce sa taille qui le définit ? Ou est-ce tout simplement quelqu’un qui s’allonge là et prend le temps de vivre, de respecter et d’admirer la nature ? » Au Luxembourg, ce grandpère, « symbole de sagesse », a appris à son petit-fils, incarnant le futur, la candeur et la pureté, à planter un arbre, « déjà présent dans le paysage ». Un grand Homme et l’Avenir, première édition. « On a beaucoup à apprendre des anciens, affirme Saype, mais j’aime cette naïveté qu’on retrouve chez l’enfant. Sa façon de vivre est presque poétique. » Ici à Valberg, « un lieu magnifique », le vieux monsieur apprend à pêcher à sa petite fille. « Ça m’émeut beaucoup car je ne compte plus les fois où je suis venu ici avec mon papa. C’est ici qu’il a appris à pêcher à mes filles », a confié Charles-Ange Ginésy, président du conseil départemen­tal, lors de l’inaugurati­on officielle. Et de donner un conseil aux spectateur­s : « Montez sur le sentier des Crêtes, le point de vue est superbe. » « L’idéal, c’est en drone », confie l’artiste. Le travail de préparatio­n peut être long car il faut s’adapter à l’environnem­ent. Au lac du sénateur, Saype et ses deux équipiers ont mis trois jours à peindre. « Il a aussi fallu créer le bouchon de la canne à pêche, qui rend les personnage­s encore plus réels dans le décor. » Au total, des semaines de boulot pour un court moment de plaisir. « C’est ça qui est cool. On laisse une trace dans l’esprit des gens mais aucune dans la nature ! »

Le land art est un art, souvent de grande ampleur, exprimé directemen­t sur le paysage qui l’entoure.

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(Photo DR) L’oeuvre s’effacera d’ici deux semaines, ou deux mois, selon les intempérie­s et la repousse de l’herbe.

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