Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Attentat de Bologne :  ans après, l’Italie attend la vérité

Le 2 août 1980, une bombe posée par l’extrême droite explosait à la gare de Bologne, faisant 85 morts et plus de 200 blessés. Le doute plane sur de supposés commandita­ires

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L’Italie a marqué hier le 40e anniversai­re de l’attentat de Bologne, qui avait fait 85 morts, en réclamant « vérité et justice » sur cet événement dont les commandita­ires restent inconnus, selon de nombreux Italiens. Le 2 août 1980, une bombe explosait dans la salle d’attente de la gare de Bologne, faisant 85 morts et plus de 200 blessés, soit l’attentat le plus sanglant des « années de plomb » en Italie.

Le renseignem­ent militaire impliqué

« Nous avons besoin de vérité. Sans vérité le pays n’a pas d’avenir. Chercher la vérité signifie chercher la justice » ,a déclaré sur place Elisabetta Casellati, présidente du Sénat. « Nous sommes aux côtés des familles, de ceux qui croient en l’État, des magistrats oeuvrant à détruire le voile qui nous sépare de la vérité »,

a de son côté écrit sur Twitter le chef du gouverneme­nt, Giuseppe Conte. Deux personnes appartenan­t au groupe d’extrême droite italien « Noyaux armés révolution­naires » (NAR) ont été condamnées à la réclusion à perpétuité, et une troisième, mineure à l’époque des faits, à 30 ans de réclusion. Plusieurs autres, dont des membres des services de renseignem­ent militaire italien, ont été condamnés à des peines plus légères, de 7 à 10 ans de prison, pour entrave à la justice. Les familles des victimes et de nombreux Italiens pensent que les trois terroriste­s d’extrême-droite condamnés pour ce carnage ne sont que des exécutants, et que les vrais commandita­ires restent inconnus et impunis.

Lié à la loge P ?

Selon Paolo Bolognesi, président de l’associatio­n des victimes de l’attentat de Bologne,

les derniers résultats de l’enquête « confirment que ce vil attentat fut une bombe “noire”, pensée par les responsabl­es de la P2, exécutée par la main-d’oeuvre fasciste des NAR et protégée par les hommes de la P2 appartenan­t aux services secrets ». À ses yeux, « l’objectif était de frapper Bologne la rouge ». La loge maçonnique P2 (« Propaganda Due ») était présidée par le tristement célèbre Licio Gelli, décédé en décembre 2015 à 96 ans. La liste de ses membres comprenait 962 noms appartenan­t à la politique, à la magistratu­re, aux milieux financiers ou militaires. La loge P2 et le nom de Gelli sont apparus peu ou prou dans tous les scandales des 30 dernières années en Italie : du krach de la banque « Banco Ambrosiano », dont le président Roberto Calvi fut retrouvé pendu sous un pont de Londres en 1982, à l’existence d’une structure paramilita­ire secrète anticommun­iste, Gladio.

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(Photo d’archives AFP) L’attentat est le plus sanglant qu’ait connu le pays durant les « années de plomb ».

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