Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Samouraïs du corail

Originaire de Valbonne (06), Arnaud Brival se démène corps et âme avec sa compagne Lynn Lawrance pour donner une nouvelle chance aux récifs en péril. Son terrain ? Raja Ampat en Indonésie

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Des kilomètres de matière morte, des mètres carrés de dépouilles corallienn­es. Un spectacle inacceptab­le dans les fonds indonésien­s. Résultante notamment de la pêche à la dynamite, du changement climatique ou encore du tourisme sans foi ni loi. Des dégâts qui, au fil du temps, n’ont pas été réparés. Et c’est justement ce à quoi s’attellent Arnaud Brival et son équipe. Parti il y a plusieurs années à l’autre bout du monde, l’habitant de Valbonne (Alpes-Maritimes) s’est trouvé une mission auprès des habitants des îles Raja Ampat : rétablir l’ordre naturel à leurs côtés. Menant ce contre-la-montre avec sa compagne Lynn Lawrance et son ami Tomi Kumanireng, il défend les récifs de cet archipel corps et âme. « Ce sont les derniers bastions du genre dans le monde. Si nous n’agissons pas, ils sont voués à disparaîtr­e. 95 % d’entre eux sont menacés », alerte le plongeur qui vient de lancer l’associatio­n portant ce vaste dessin : The Sea People – ou Orang Laut Papua en langue locale. Une communauté au service de l’éducation, la protection et la sensibilis­ation. L’impact ? Il peut déjà se mesurer. Car l’implicatio­n de son équipe ne date pas d’hier : « Nous avons eu une phase pilote qui a permis de réhabilite­r plus de 1 000 m2 de récifs dégradés. »

Former des jardiniers pour transplant­er

Comment cela fonctionne-t-il ? Il s’agit de transplant­er des fragments de corail méthodique­ment, en installant une structure réalisée artisanale­ment dans les fonds pour que la vie reprenne ses droits. Un ouvrage de précision qui requiert du temps. Et pas seulement. Car pour ce faire, des bras et des connaissan­ces sont nécessaire­s. En lançant un appel aux dons (lire ci-dessous), c’est un contrat avec l’avenir que le jeune homme espère signer : « Le but est de former le plus de personnes sur place au métier de jardinier de corail. Aujourd’hui, ils sont douze. Mais cela ne suffit pas. Puisque l’avenir de la communauté est intrinsèqu­ement lié à l’écosystème. » La philosophi­e du projet est là : permettre à la population locale de s’approprier cette culture de la sauvegarde, ce savoirfair­e précieux qui assure des lendemains pour les génération­s à venir. Enjeu déterminan­t. Parce qu’audelà de donner une nouvelle chance aux fonds idylliques, il faut également oeuvrer pour que les mauvaises pratiques ne reviennent pas au galop : « On travaille sur un système de bouées d’amarrage pour que les bateaux de plaisance, de croisière, ne grèvent pas la situation. » Face à l’urgence, la crise sanitaire n’a clairement pas joué en la faveur de la cause. Pour autant, Arnaud Brival – qui attend de pied ferme l’occasion de retrouver le terrain qu’il chérit tant – fixe les objectifs : « Notre but est de réhabilite­r un hectare en 2020, il se trouve en pente et doit être pris en priorité car il peut faire d’énormes dégâts en s’effondrant... À terme, on imagine avoir réalisé cinq à dix hectares dans les trois à cinq ans qui arrivent. » Pas d’autre choix que d’être ambitieux lorsqu’il s’agit de sauver ce qui peut l’être.

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(Photo DR)
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Un avant-après : sept mois séparent ces deux photograph­ies où les coraux trouvent leur aisance pour se développer grâce à l’associatio­n.
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Tomi Kumanireng en train de réaliser une des structures accueillan­t le corail transplant­é.
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