Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Signe pleure son maire, tué il y a un an
■ Le décès tragique du maire de Signes reste gravé dans les esprits. Un hommage lui sera rendu ce mercredi 5 août, avec le dévoilement d’une stèle sur les lieux du drame. ■ Il y a un an, le conducteur d’une camionnette a mortellement renversé l’élu. Jean
« Jeannot », comme on le surnommait affectueusement, a présidé à la destinée de sa commune pendant 36 ans. Sa vie a été stoppée net dans l’après-midi du 5 août 2019, au bord d’une route qu’il connaissait comme sa poche, à une poignée de kilomètres de la mairie de Signes. Âgé de 76 ans, le maire Jean Michel est tombé. Il est mort, de façon dramatique, dans l’exercice de ses fonctions. Renversé par une camionnette, dont le conducteur venait de jeter des gravats de chantier dans la nature. Ce jeune maçon avait expliqué avoir manoeuvré sans visibilité, et surtout, sans se rendre compte qu’une personne se trouvait encore derrière son véhicule.
Consternation
Le drame a jeté la stupeur et la consternation non seulement sur le village, mais aussi sur la France entière. Choquée de constater qu’un élu de la République pouvait payer le plus lourd des tributs, dans l’accomplissement de son mandat.
Le pays découvrait aussi l’étendue d’un vieux fléau varois, les décharges sauvages, facette sombre d’un secteur du bâtiment dynamique, dans un département encore riche d’espaces naturels et fragiles.
À la va-vite
Les atteintes à l’environnement vont-elles être considérées sous un nouveau jour ? À la fois les actes isolés, mais aussi les systèmes perfectionnés, en bande organisée. Au moins deux opérations coup de poing, à l’ampleur inégalée dans le Var, ont été déclenchées dans l’année écoulée (lire par ailleurs). L’une des décharges en cause avait commencé à défrayer la chronique, il y a presque trente ans. La mort du maire de Signes n’est pas liée à un dépôt sauvage de grande ampleur. Ce drame raconte une autre histoire, celle de quelques seaux de gravats déchargés à la va-vite par un artisan, à la fin de sa journée de travail. Dans le cas d’espèce, ce n’était pas une atteinte majeure à l’environnement.
Mais les abords de nombreuses routes, en particulier sur le plateau de la Sainte-Baume, sont littéralement truffés de restes de chantiers. À l’échelle d’une petite commune, ce sont des tonnes de gravats qu’il faut évacuer. Désormais, ces faits n’ont plus rien d’anodin.
Question environnementale
Au cours de son mandat de maire, Jean Michel a pu être critiqué, parfois vivement, par des associations écologistes. La question environnementale est même devenue saillante dans ce village de 2 888 âmes, dont les paysages se sont profondément transformés en quelques décennies. Signe d’une aspiration au changement, c’est justement la présidente d’une association de défense de l’environnement qui a été élue première magistrate, en juin dernier. Au village, Hélène Verduyn était le fer de lance de la contestation contre deux nouvelles centrales à béton. Le jugement le plus récent a retoqué le projet.
Sur son vaste territoire, Signes compte deux carrières d’extraction de granulats, un immense parc photovoltaïque, une plateforme de compostage, un parc d’activité de 150 entreprises (souvent de pointe). Le tout, jouxtant le circuit automobile de Formule1 Paul-Ricard, au Castellet. Au milieu des pins et des chênes.
Les Signois ne diraient pas forcément que leur maire était un défenseur de l’environnement. Mais, indéniablement, il est mort en exerçant son pouvoir de police, face à un dépôt de déchets en pleine nature. C’est précisément ce qu’il faisait ce jour-là. Et ce qui lui a coûté la vie, si injustement.