Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

TOURISME : L’EMBELLIE

Les vacanciers sont finalement au rendez-vous Arrière-pays : calme et atout fraîcheur

- Dossier : Thomas GUICHARD tguichard@nicematin.fr

Qui l’eut cru ? Au moment où la France se claquemure mi-mars, les profession­nels du tourisme accusent le coup et les cahiers de réservatio­ns prennent la poussière. Petit à petit, une rumeur. Celle qui veut que la saison 2020 ne sera pas. Les vacanciers ne descendron­t pas cette année. Même au moment du déconfinem­ent, hôteliers, camping, loueurs de canoës, toute la filière du tourisme varois, la première de France après Paris, est exsangue. Et pourtant. Deux mois plus tard, les plages sont remplies, les terrasses des restaurant­s aussi, chaque cours d’eau de l’arrière-pays a son lot de plaisancie­rs venus se rafraîchir, les glaciers se couchent tard, rincés. Récits d’une success-story varoise qui redonne le sourire aux touristes, fidèles ou venus flâner pour la première fois sur la côte à cause des frontières fermées, et aux profession­nels qui se mettent à croire que la saison 2020 sera un excellent cru.

« Désolé, je n’ai aucun contrôle sur le timing.. Avec les embouteill­ages, on ne sait jamais. » Le conducteur du car qui relie La Croix-Valmer à la gare de Toulon doit s’expliquer à chaque arrêt. Jérôme et Noé my soupirent à chaque ralentisse­ment : leur train pour Paris ne les attendra pas. C’est l’heure du retour de la plage, la côte varoise avance au ralenti. Rien ne pourra, cependant, leur retirer ce large sourire de leurs mines bronzées. « Il y a quelques semaines encore, on ne pensait pas pouvoir venir en vacances ici, raconte l’un d’eux, le regard scotché sur sa montre et l’heure de son portable. Dix jours de farniente, ça nous a fait le plus grand bien, on est reposés. Même si là, on a l’air un peu stressé c’est vrai. Si l’on rate le train, ce n’est pas si grave finalement… »

Un inamovible sourire aux lèvres

Des vacanciers pressés de poser leurs valises. D’autres qui repartent heureux, détendus. Des enfants qui courent dans des ruelles en pierres. Des adolescent­s qui se retrouvent en scooter au bord d’une plage sur la presqu’île de Giens. Du monde sur les marchés nocturnes de l’ouest-Var. Ces images étaient encore inespérées il y a quelques mois. Mais au terme du chassé-croisé entre juillettis­tes et aoûtiens, force est de constater le succès de la saison estivale 2020. Les Français, d’abord, mais aussi les voisins européens, ont choisi les paysages du Var (lire l’interview ci-dessous). C’est ce qu’a pu observer Johan, 17 ans, du haut de son stand de churros (Nutella ou sucre, au choix), en pied de grue sur le port de Bandol. « Entre 21 h et 23 h, c’est l’heure de pointe. Depuis la fin juillet, les clients sont de retour, ça n’arrête plus. Faut tenir le rythme, mais c’est mieux que d’attendre les clients sans rien faire comme il y a quelques semaines ! » Le vendeur envisage un chiffre d’affaires au moins aussi bon que l’année dernière.

Une bouffée d’air dans un été de tous les dangers pour les profession­nels du tourisme. Un secteur qui pèse près de 4 milliards d’euros de retombées économique­s et plus de 27 000 emplois dans le départemen­t.

Premiers coups de coeur varois

Le grand gagnant de ce retour des touristes ? Les grands parcs naturels et les lacs de l’arrière-pays, les locations de villas et de maisons isolées et les activités individuel­les, distanciat­ion sociale oblige. À l’image de François, qui a choisi d’emmener sa famille dans le Var, et non à Boulognesu­r-Mer, où il a ses habitudes. La première fois depuis plus de quinze ans pour ce médecin de Grenoble. « Nous ne voulions pas nous retrouver chez la grand-mère de ma femme cette année. Comme moi, elle travaille dans la santé. Et nous retrouver dans son 50 m2 comme les années précédente­s, c’est trop risqué pour une femme de 90 ans. » Une semaine au Lavandou, dans une maison de location. Un choix de dernière minute, mais un choix du coeur : « Je trouve le Var moins urbanisé que le Languedoc ou les Alpes-Maritimes », juge-t-il après quelques jours. Un coup de coeur, même, pour la chapelle Notre-Dame de Constance, dans les hauteurs de Bormes-les-Mimosas. Les vacances de Kevin, un Lyonnais de 31 ans, sont varoises depuis qu’il est en âge de marcher. Un habitué pas assuré de venir. « J’ai hésité, mes proches qui habitent au Lavandou et à Hyères prennent de l’âge... Mais je voulais au moins venir profiter de la plage de St-Claire. Je me suis dit : ‘‘On a beau être serrés, on ne parle jamais au voisin de serviette, donc ça va’’. » Il y est désormais depuis dix jours, porte bien le masque au contact de sa famille et publie des photos du type carte postale sur les réseaux sociaux. L’année 2020 restera dans les mémoires. Mais ce n’est pas seulement l’affaire du Covid-19...

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(Photo Th. G.) Principal pôle touristiqu­e du Var, Saint-Tropez fait le plein de touristes cet été.

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