Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Face au Covid, le succès des balades à cheval
Devant l’entrée du cabanon qui sert de sellerie, les vacanciers font la queue, en ordre, chacun son masque et sa charlotte. Une affluence quotidienne depuis trois mois. Une fois la bombe ajustée à sa tête, la dizaine d’adultes qui ont réservé leur balade ce matin file sur la piste de sable. Grimper sur des chevaux qu’on regarde dans les yeux en levant la tête n’est pas une mince affaire. « On a l’habitude, assure Flavie, la propriétaire des écuries de la Cibonne, ce sont des chevaux de clubs, ils sont gentils et habitués à être montés. » N’empêche que Virginie, qui accompagne, bien malgré elle, sa fille de 15 ans les étoiles dans les yeux, n’est pas rassurée. Son mari a beau enchaîner les blagues en s’installant sur sa selle, « ça fait longtemps que je n’avais pas été sur un cheval », rappelle-t-il à voix basse. « S’il vous arrive quoi que ce soit, deux de mes moniteurs sont avec vous, tout va bien se passer. Profitez bien et à tout à l’heure », rappelle Flavie en donnant le top départ de la promenade.
Les centres équestres presque complets
La mécanique est bien huilée dans ce centre équestre du Pradet, entre Toulon et Carqueiranne, qui doit jongler entre les stages individuels, collectifs, les cours et les réservations de balades à cheval dans le massif de la Colle Noire. Une quinzaine de poneys attendent encore, chacun à l’ombre des feuillages, les gamins du centre de vacances. La plupart monte pour la première fois. Depuis la sortie du confinement, les centres équestres du Var, comme celui de Flavie, sont en surchauffe. « Dès le mois de mai, les clients ont voulu rattraper les cours perdus pendant le confinement, on a travaillé en non-stop pour tenir la cadence, se souvient-elle .En juillet, les gens ont commencé à venir faire des stages d’équitation. Depuis le début du mois d’août, on fait trois balades par jour, c’est-àdire le maximum. On est presque complet. »
Une envie d’isolement et de nature
Entre les cavaliers expérimentés, les jeunes licenciés et les vacanciers venus profiter du paysage, les balades à cheval ne se sont jamais aussi bien portées. Un succès qui ne surprend, étonnamment, pas Flavie. « À la sortie du confinement ; les gens se sont rués sur notre centre. » La gérante prévoit un chiffre d’affaires au moins similaire à celui de l’année dernière. Et le Covid19 n’y est, cette fois encore, pas pour rien. Les touristes ont, cette année plus que d’habitude, envie d’éviter de se coller les uns aux autres. L’été 2020 sera celui des balades en forêt et de la distanciation sociale. Quoi de mieux qu’un cheval, avec ses 2-3 mètres de long ? « Il y a l’envie d’être tranquille, dans la nature, confirme Flavie. Au bord des falaises, les gens sont subjugués par la vue sur la mer. » Le groupe de ce matin ira, en deux heures, jusqu’au fort de la Gavaresse, foulant des sentiers de randonnées calcaires à l’abri de la foule des plages et des embruns salés. Une chance rare qui ne fait pas exception.
Le confinement est passé par là
Les 6 000 centres équestres de France ont été parmi les premiers espaces sportifs à rouvrir leurs portes après le confinement. « Les gens se sont précipités dans les centres dès qu’il y a de nouveau eu les randonnées, note François-Xavier Bigo, secrétaire général de la Fédération de randonnée équestre de France. L’association remarque un nombre élevé de cavaliers habitués des clubs de ville. « Ils se tournent désormais vers la randonnée. Les derniers mois les ont fait changer d’état d’esprit. Pendant le confinement, personne n’allait voir ces chevaux. En voyant comment les chevaux ont été traités, les cavaliers venus des villes ont maintenant tendance à fuir les clubs classiques pour monter dans la nature, prendre soin des bêtes. »
... Lire la suite de notre dossier en pages suivantes ...