L’emploi toujours en baisse… sauf l’intérim

Un signe fragile de reprise de l’activité ? Malgré la disparition de près de 120 000 emplois au 2e trimestre dans le secteur privé, l’intérim a, lui, rebondi. Quelque 119 400 emplois salariés ont été détruits entre avril et juin, soit une baisse de 0,6 % du nombre de personnes en activité par rapport au trimestre précédent. Ce chiffre marque toutefois une amélioration : au 1er trimestre, pas moins de 497 500 emplois avaient été détruits dans le privé sous l’effet du confinement, soit une chute de 2,8 %. La baisse cumulée sur le 1er semestre est la plus forte enregistrée depuis le début de cette série de l’Insee, réalisée à partir de 1970. Sur un an, on atteint -2,5 %. Au coeur de la crise de 2008, entre septembre 2008 et mars 2009, le secteur marchand n’avait reculé que de 1,7 %.

« Encore très en dessous de la situation normale »

L’atténuation du 2e trimestre s’explique dans une large mesure par l’intérim. Lequel, après une chute historique de 40,4 % au premier trimestre, a connu un net rebond entre avril et juin : +23,1 %, soit 108 500 créations d’emplois. « Comme dans toutes les crises, l’intérim réagit plus vite et plus fort que le reste de l’emploi », pointe Sylvain Larrieu, de l’Insee. « Mais nous sommes encore très en dessous de la situation normale, puisque l’intérim est 27 % plus faible que son niveau d’il y a un an », avec 214 800 emplois en moins. En outre, plusieurs économistes estiment que ces chiffres offrent un reflet déformé de l’ampleur de la crise. « L’ajustement sur le marché du travail ne s’est pas fait sur la réduction de l’emploi mais par le passage en chômage partiel », souligne ainsi Philippe Waechter, d’Ostrum Asset Management. Eric Heyer, chercheur à l’Observatoire français des conjonctures économiques, pointe aussi « un décalage » par rapport au plongeon de 13,8 % du PIB sur la même période : « On aurait dû avoir des destructions d’emploi du même ordre, ce qui veut dire que la crise sur l’emploi n’est pas encore arrivée. »