Liban : le pouvoir promet des législatives anticipées

Quatre jours après la gigantesque explosion ayant fait des centaines de milliers de sansabri (1) et ayant porté à son paroxysme la colère populaire contre la classe politique, la crise s’est brutalement accélérée hier au Liban. Sous la pression de la rue, le Premier ministre, Hassan Diab, a annoncé dans un discours télévisé qu’il allait proposer des législatives anticipées, estimant que seul un tel scrutin permettrait « de sortir de la crise structurelle ». Il s’est dit prêt à rester au pouvoir « pendant deux mois », le temps que les forces politiques s’entendent.

« Pendez-les »

Cette déclaration est intervenue après une journée de troubles à Beyrouth, où des milliers de protestataires, dont certains brandissaient des noeuds coulants ou des potences – le mot d’ordre de la mobilisation sur les réseaux sociaux étant « Pendez-les » –, se sont rassemblés dans le centre-ville. À proximité de la place des Martyrs, épicentre traditionnel des manifestations dans la capitale, des heurts ont opposé les forces de sécurité, qui ont tiré des gaz lacrymogènes, à de jeunes protestataires ripostant avec des pierres. La Croix-Rouge libanaise a recensé 63 blessés hospitalisés, et 175 autres soignés sur place. De son côté, la police a indiqué qu’un membre des Forces de sécurité intérieure est décédé « en aidant des personnes coincées dans l’hôtel Le Gray, agressé par [des] émeutiers qui ont entraîné sa chute et sa mort ». L’attention des forces de sécurité se concentrant sur les heurts, environ 200 manifestants menés par des officiers à la retraite en ont profité pour prendre d’assaut le siège du ministère des Affaires étrangères, le proclamant « quartier général de la Révolution ». Ils en ont été délogés par l’armée vers 21 heures (dans l’Hexagone), tout comme d’autres manifestants ayant tenté de prendre le quartier général de l’Association des banques, auquel ils ont mis le feu. Les protestataires ont également investi les ministères de l’Économie et celui de l’Énergie, qui constitue le symbole de la gabegie des services publics, les coupures de courant alimentant la gronde. 1. Une visioconférence des pays donateurs en soutien au Liban, coorganisée par l’ONU et la France, aura lieu aujourd’ hui à 14 heures. Emmanuel Macron y participera depuis le fort de Brégançon, dans le Var.

(Photo AFP) Hier à Beyrouth, pendant que des heurts opposaient manifestants et forces de l’ordre, quelques centaines de protestataires se sont brièvement emparés de plusieurs ministères.