Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’art de la guerre… contre les moustiques

Empêcher la reproducti­on des moustiques, éviter leurs piqûres à coup de répulsifs ou les tuer en usant d’insecticid­es : la lutte n’est efficace que si elle est menée sur tous les fronts

- C. MARTINAT

Ils peuvent nous rendre l’été invivable. Les moustiques s’invitent en vacances et ne se content plus de pourrir les apéros du début de soirée et les nuits chaudes. Le moustique tigre sévit désormais toute la journée. Pour lutter contre ces indésirabl­es, il faut combattre sur trois fronts simultaném­ent, explique le Dr Pascal Delaunay, parasitolo­gue et entomologi­ste médical au CHU de Nice.

Protection­s mécaniques

Cela commence par une protection qu’il qualifie de « mécanique ». « L’idée, explique-t-il, c’est de supprimer la production de larves et donc de moustiques. » La recette est normalemen­t connue : il faut supprimer les eaux stagnantes où pondent les femelles. Ce sont les piscines dont l’entretien n’est plus assuré, les bidons d’eau de pluie oubliés au fond d’un jardin, les quelques millimètre­s d’eau restés au fond d’une soucoupe sous un pot de fleurs. « Le disque est rayé, mais c’est pourtant un préalable incontourn­able pour éviter la production de larves qui donneront les moustiques adultes qui, eux, aiment se cacher dans les buissons des zones sombres et ombragées », insiste le spécialist­e. Cette chasse aux larves est parfois perdue d’avance : « Le site de production peut se trouver dans le jardin inaccessib­le d’un voisin tandis que chez vous, le moustique trouvera l’hébergemen­t dans un parterre. L’idéal, c’est une action coordonnée entre voisins, car le moustique tigre est capable de voler à 60 ou 70 mètres. Si chacun garde une vision et assure une vigilance à cette distance, on peut vite faire chuter le nombre de moustiques. » Autre action mécanique : «Le moustique ne peut pas piquer à travers un vêtement qui n’est pas plaqué sur la peau. On est donc mieux protégé si on porte des vêtements amples, détaille le parasitolo­gue. Le moustique détecte la chaleur, il a une vision infrarouge. Il détecte moins facilement une personne qui porte des vêtements clairs. » La moustiquai­re est également très efficace, particuliè­rement pour les tout-petits. « Ce n’est pas très compliqué de faire vivre un enfant de moins de six mois sous une moustiquai­re », rappelle le médecin.

Répulsifs en action

La deuxième ligne d’attaque est armée avec les répulsifs. « Ils vont exciter le moustique, qui a besoin de calme pour trouver un petit vaisseau et piquer, détaille le Dr Delaunay.

Quatre produits sont reconnus pour leur efficacité par les réseaux scientifiq­ues, pour une action qui dure de six à huit heures : le DEET, l’icaridine, le R3535 et le Citriodiol, une molécule d’origine naturelle isolée de l’eucalyptus. » Que l’on achète son répulsif en pharmacie ou au supermarch­é, « pour garantir une efficacité longue durée, le produit doit mentionner une de ces quatre molécules, poursuit le Dr Delaunay. Un cinquième produit est de plus en plus souvent reconnu comme efficace, complète-t-il, c’est le géraniol. » Quid des essences naturelles, comme la citronnell­e ? « Cela marche, mais bien moins longtemps, pas plus de deux à trois heures. Il faut souvent renouveler l’applicatio­n et surtout il faut faire très attention, prévient le docteur. C’est un marché qui n’est pas contrôlé. Il faut veiller à ne pas acheter des contrefaço­ns : les huiles essentiell­es, cela coûte très cher ! Attention aussi aux intoléranc­es et aux effets secondaire­s, notamment avec le soleil. Certains produits peuvent provoquer des brûlures ou des allergies. »

Insecticid­e : l’arme ultime

Reste un dernier recours : l’insecticid­e. « C’est un produit qui va tuer le moustique, mais qui a aussi, toujours, une action répulsive, précise le Dr Delaunay. Typiquemen­t, c’est la prise antimousti­que avec du liquide ou une plaquette, ou le produit dont on imprègne un voilage, un vêtement ou une moustiquai­re. »

En la matière, deux molécules sont efficaces. « La première, ce sont des pyréthrino­ïdes, qui sont d’origine industriel­le ou naturelle comme le pyrel, un peu moins performant. On veut vaporiser ces produits sur des vêtements. La seconde, c’est la deltamétri­ne, un composé qui, par contre, ne doit pas toucher la peau, mais qui peut imprégner une moustiquai­re. » Pour garantir leur efficacité, «il faut penser à renouveler régulièrem­ent les imprégnati­ons en se référant à la notice du produit. On peut aussi acheter des moustiquai­res à imprégnati­on longue durée, qui sont garanties cinq ans minimum, et résistent au soleil et aux lavages. » Toutes ces mesures, adaptables en fonction du niveau d’infestatio­n, ne permettron­t jamais de vivre sans aucun moustique. Mais elles sont de nature, conclut le Dr Delaunay, « à permettre de vivre avec un taux de moustiques acceptable ».

 ?? (Photos DR et d’archives Ph. A.) ?? Impossible de s’en débarrasse­r totalement, mais il existe des moyens de lutte efficace contre les moustiques. Aux produits répulsifs et insecticid­es s’ajoute le combat à mener dans les jardins pour éviter leur proliférat­ion, en éliminant tous les points d’eau stagnante.
(Photos DR et d’archives Ph. A.) Impossible de s’en débarrasse­r totalement, mais il existe des moyens de lutte efficace contre les moustiques. Aux produits répulsifs et insecticid­es s’ajoute le combat à mener dans les jardins pour éviter leur proliférat­ion, en éliminant tous les points d’eau stagnante.
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