Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La pagode Hông Hiên renaît de ses cendres
Après l’expulsion du bonze, il y a trois semaines, Paul Salmon et quelques bénévoles s’activent chaque jour pour redonner une nouvelle vie au lieu de culte. L’heure est au grand ménage
Fatigué, vidé, éreinté, Paul Salmon semble accuser le contrecoup d’une éprouvante procédure judiciaire qui s’est étalée sur douze longues années… D’autant que depuis le 21 juillet dernier, date à laquelle le bonze Quan Hoang Nguyen a été expulsé, le travail ne manque pas pour Paul Salmon et une poignée de fidèles bénévoles affairés, sept jours sur sept, pour remettre en état le lieu de culte situé sur les hauteurs du quartier Gallieni à Fréjus. Même éprouvé, le président de l’association bouddhique francovietnamienne n’en demeure pas moins soulagé d’avoir, enfin, pu reprendre possession des lieux et tirer un trait définitif sur cette trouble période au cours de laquelle l’une des plus anciennes pagodes d’Europe a frisé le chaos… Entre sagesse retrouvée et philosophie de circonstance, il affirme : « Désormais, leur en vouloir ne sert plus à rien. La Cour de cassation a rendu son verdict le 5 décembre 2019, il est grand temps de passer à autre chose. Nous espérons retrouver dans nos coeurs, la force de pardonner, car on ne peut pas vivre éternellement dans la douleur. Aujourd’hui, notre seul et unique objectif est de continuer à défendre notre site, notre histoire, nos origines et nos valeurs. Nous sommes une grande famille unie autour d’une même et noble cause. » Hier matin, malgré la chaleur ambiante, les visiteurs affluent par petits groupes pour découvrir cette pagode Hông Hiên en quête d’une cure de jouvence. « Soyez tous assurés que nous allons poursuivre nos efforts pour améliorer la qualité de vie et le bien-être de chacun. Mais, tout reviendra à la normale, dès que nous aurons fini de nettoyer… Et il y a du boulot ! »
D’importants travaux de remise aux normes
Car, durant toute la procédure judiciaire, la pagode semble avoir été laissée à l’abandon. « Je ne vous parle même pas de l’état dans lequel on a retrouvé certaines pièces. Une vraie poubelle ! Nettoyage du sol au plafond, peinture des salles intérieures et des façades extérieures, coups de peinture sur l’ensemble des statues, travaux paysagers, clôture à refaire... J’en profite pour lancer un appel à toutes les bonnes volontés pour venir nous donner un coup de main. » Car si l’esthétique du monument est le premier chantier sur lequel Paul Salmon et son équipe se sont attaqués
« il faut également revoir tout ce qui concerne la partie assainissement, la mise en sécurité de l’ensemble du site sans oublier la signalétique. Autant de travaux nécessaires pour une remise aux normes indispensable de la pagode. » Et pour mener à bien cette vaste rénovation, le président de l’association bouddhique franco-vietnanmienne compte bien demander, en temps voulu, une aide financière de l’État et de la ville de Fréjus. Pour l’heure, Paul Salmon poursuit inlassablement le combat de sa vie afin que la pagode fréjusienne retrouve son lustre d’antan. Motivé plus que jamais, il ne semble pas prêt à quitter le navire à si bon port. « Cela me demande de l’énergie mais ce qui m’a surtout tenu durant 12 ans, c’est la foi ! Seule la foi m’a permis de continuer et de franchir les obstacles. Aujourd’hui, je préfère regarder droit devant et tourner le dos au passé… » Cela tombe bien, car pour l’astrologie chinoise ce qui caractérise cette année 2020 placée sous le signe “Rat”, c’est bien le renouveau. Le “Rat” veillera sur la pagode Hông Hiên jusqu’au 11 février 2021…