Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Daniel Hug, le sculpteur qui fait poésie de tout bois

Callas L’artiste, installé au beau milieu de la campagne dracénoise, expose ses oeuvres dans son jardin depuis quarante ans. Il nous ouvre ses portes et ses pensées cosmiques

- LEÏLA DAVAUD draguignan@nicematin.fr

Chaque jeudi cet été, retrouvez notre suggestion pour découvrir le patrimoine. Une visite enrichissa­nte, surprenant­e ou décoiffant­e… Suivez le guide !

Les portes de l’atelier champêtre de Daniel Hug passées, c’est un autre univers qui se présente. Agrémenté de bois et de couleurs... partout ! Daniel, c’est un sculpteur barbu, un peu folklo, souriant et accueillan­t. Ses éclats de rire se mêlent aux chants des cigales et donnent immédiatem­ent le ton. Chez lui, on se laisse aller. On se connecte à notre for intérieur. Il paraît que c’est normal lorsqu’on pose un pied chez un artiste ! Au milieu des champs dracénois, il a créé un atelier à ciel ouvert, mais surtout un « chez lui » qui lui ressemble. En définitive, on aurait presque l’impression d’être dans sa tête.

« Clochard céleste »

L’histoire commence en 1976. Daniel Hug, 19 ans, entre aux BeauxArts « avec la volonté de faire un pont entre la culture pyrénéenne et universita­ire. Le bois est le matériau le plus délicat, le plus contraigna­nt, c’est pour cela que j’ai choisi de lier les deux », confie-t-il. L’Ariégeois se passionne pour la sculpture à la main de mobilier, confection­nant entre autres des tables et des chaises. Pendant ce temps, il travaille d’arrache-pied pour trouver son « vocabulair­e, c’est-à-dire [sa] manière de tailler avec ses ciseaux ».

Un de ses nombreux coups de coeur le conduit dans le Var trois ans plus tard. Il y trouve un terrain atypique, à Callas, et décide d’ouvrir son « atelier champêtre ». Un simple groupe électrogèn­e, de l’eau récupérée à la source, puis le calme. Entre les arbres, on devine ses oeuvres. « Elles racontent toutes une histoire, se réjouit-il. Ce totem représente un enfant qui rêve qu’il donne une galette à un renard. Il se transforme en lapin gnome qu’il chevauche sous la lune. » Cette version, preuve de l’imaginatio­n sans limite de Daniel Hug, est aussi une fenêtre ouverte sur sa passion pour la nature et l’univers. « Je suis une sorte de clochard céleste », blague le sexagénair­e. Ce qui ne l’empêche pas d’être lauréat de la Fondation de France, nommé en 1983.

Identité magique

Des courbes, des cavités, des textures douces, râpeuses « comme une femme ». Avec Daniel Hug, «le bois a une part de poésie. Et l’érotisme devient poésie ». Ce thème est d’ailleurs très présent dans l’art de Daniel, tout comme la représenta­tion des visages. « Ils traduisent la narration des inspiratio­ns. Les émotions, les pensées. La sculpture, c’est passer de l’organique au figuratif en passant par un peu de magie, développe l’artiste. Je récupère le tronc, je le brûle, le taille, tout en suivant le calendrier lunaire. » Et ce ne sont pas n’importe quels troncs. Ils sont « vénérables », précise-t-il. Et, de préférence, centenaire­s. C’est ce qui donne à ses oeuvres leur valeur.

Aujourd’hui, les visiteurs se rendent dans l’atelier de Daniel Hug pour apprendre du « maître ». Mais attention, l’artiste ne communique sa technique qu’à une condition : qu’elle serve à « trouver son propre vocabulair­e ».

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(Photos Sophie Louvet) « La sculpture, c’est passer de l’organique au figuratif », selon Daniel Hug.
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