Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Citadelle de Saint-Tropez, des racines et du zèle

L’édifice emblématiq­ue de la cité du Bailli a traversé les siècles dans une relation tumultueus­e avec les Tropéziens. Retour sur l’histoire de l’un des musées les plus fréquentés de la région

- Q. B. qboulezaz@nicematin.fr

Certains l’aiment pour son panorama sur le Golfe. D’autres, pour son passé lié au développem­ent maritime de la ville. Ces deux facettes font de la Citadelle de Saint-Tropez l’emblème de la ville, et une destinatio­n prisée des touristes. Cent mille visiteurs par an montent les marches menant au sommet de la cité. Pourtant, la forteresse n’a pas toujours été chérie par les Tropéziens. Érigée au début du XVIIe siècle, la Citadelle achève la renaissanc­e de Saint-Tropez. Le point de vue imprenable sur le Golfe permettait surtout de surveiller envahisseu­rs et habitants. Ces derniers l’ont mal accepté. « L’État imposait son pouvoir et sa présence. La région avait connu quelques passages insurrecti­onnels, mais les Tropéziens sont toujours restés fidèles au roi. Les Tropéziens trouvaient cette surveillan­ce injuste », raconte Laurent Pavlidis, conservate­ur du musée.

Une importance pourtant cruciale

Vauban aussi souhaitait faire disparaîtr­e la Citadelle des hauteurs de la ville. Trop archaïque à ses yeux. Elle doit sa survie du moins son maintien dans l’état actuel aux conflits entre le Nord-Est et le royaume d’Espagne. Les fonds manquaient, et la Provence n’était pas la zone à protéger en priorité. La fortificat­ion assiste aux premières loges à la montée en puissance du port de Saint-Tropez. La ville possédait le seul port de commerce entre Toulon et Antibes, alors à la frontière du royaume de France. À la fin du XVIIIe siècle, les soldats siégeant à la Citadelle veillent ainsi sur le troisième port de Provence. Le musée maritime rend hommage à ces marins qui ont contribué à la renommée de la ville. Maquettes de navires marchands, récits de voyage et parcours exotiques laissent rêveurs les visiteurs. Les tempêtes et mouettes comme fond sonore de la cale reconstitu­ée complètent le voyage sur les mers.

Une mise à jour avant le déclin

Les menaces du RoyaumeUni au XIXe siècle ont renforcé l’importance de la Citadelle. La route entre Hyères et Cogolin semblait vulnérable face à un éventuel envahisseu­r marin. Les évolutions des équipement­s militaires se fondent dans le bâtiment bicentenai­re. Le retranchem­ent intérieur et le puits, où les visites débutent leur parcours, se fondent dans l’enceinte. Le XXe siècle voit la citadelle arriver à bout de souffle, comme le commerce fluvial dont dépend Saint-Tropez. La Citadelle ne joue aucun rôle majeur lors des deux conflits mondiaux. Mais elle s’inscrit dans la destinée culturelle de la ville d’après-guerre. La forteresse gagne sa réputation de centre culturel.

Grâce au musée, et aux estrades pour les concerts.

Un haut lieu culturel

La transition entre défense et culture se termine en 1993, lorsque l’État revend la Citadelle à la ville. Très vite, d’importante­s rénovation­s sont entamées : les portes de la Citadelle se ferment en 2002. Le public ne revient pas avant 2008. Un nouveau musée est hébergé au coeur de l’enceinte. Les visiteurs passent de la légende de Saint Tropez, arrivé dans une barque, aux compétitio­ns de motonautis­me.

Le parcours entre les étroites salles présente les différente­s méthodes de pêche, combinaiso­ns et attirail à l’appui. La salle où s’attardent le plus les passants présente une torpille, ses composants et sa mise au point. Mais l’endroit qui attire le plus les objectifs est le toit. La vue sur le Golfe se prête aux nombreuses photos souvenir. Des images qui ont séduit cent mille visiteurs l’an dernier.

Ouvert de 10 h à 12 h 30, et de 13 h 30 à17h30. Tarifs : 3€, gratuit pour les -12 ans.

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(Photos Franz Chavaroche et Jean-Marc Rebour) La citadelle trône sur les hauteurs de Saint-Tropez depuis le XVIe siècle.
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De la barque aux trois-mâts, les maquettes donnent un aperçu de la fréquentat­ion de la ville.
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Depuis ses remparts, le point de vue sur le Golfe est admirable.
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Les évolutions des équipement­s militaires se fondent dans le bâtiment bicentenai­re.

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