Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Présidentielle : les Verts face à l’équation Mélenchon
« C’est sous la bannière de l’un des leurs que les écologistes veulent désormais conduire le combat. »
Bouleversement de l’échiquier politique ou simple péripétie de la vie publique ? À vingt mois de la présidentielle, dans l’opposition, ce sont les Verts qui désormais mènent le jeu. Même la voix de Marine Le Pen est aujourd’hui presque inaudible, tandis que les écolos sont l’objet de toutes les attentions. Dans la gauche, il n’y en a que pour eux.
Tandis que l’exécutif – Président, Premier ministre et ministres – se consacre à préparer une rentrée sanitaire et sociale d’une difficulté qu’aucun gouvernement de la Ve République n’a connue, le champ est libre pour l’opposition. Libre, mais bien encombré. Car la réussite des Verts aux municipales, leur entrée à la tête des plus grandes villes, Lyon, Bordeaux, Marseille, Strasbourg, Grenoble, apparaît comme une nouvelle donne, essentielle, dans la vie politique et spécialement dans les cogitations de la gauche. Si leurs dirigeants ont encore entre eux bien des divergences, si leur harmonie est loin d’être idyllique, et s’ils ne sont pas des ayatollahs, ils ne tombent vraiment d’accord que sur un seul constat : le Parti socialiste est en chute libre, les communistes sont réduits à peau de chagrin, les différentes initiatives pour reconstituer un autre mouvement social-démocrate autour de personnalités connues ou moins connues en restent pour l’instant aux balbutiements.
Pour conduire les électeurs de gauche en – en politique, un an et demi, c’est très court – les leaders Verts sont sûrs désormais d’être les seuls : ils ne se borneront plus à soutenir un candidat,
comme ils l’ont souvent fait, à abreuver de leurs conseils tout le personnel politique, encore moins à servir de supplétifs aux plus anciens partis de la gauche. C’est sous la bannière d’un des leurs qu’ils veulent désormais conduire le combat. Reste l’interrogation Mélenchon. Dans le long discours qu’il a prononcé hier, on comprend, derrière des hésitations plus ou moins feintes, que le député de Marseille entend livrer une nouvelle, la plus importante parce que la dernière, bataille présidentielle. Il tend, bien sûr, pour ce faire, la main aux écologistes dont il assure qu’il comprend, soutient, et assume le combat. Le problème est que ceux-ci, de ce point de vue, ne sont pas sur la même longueur d’onde : le maire de Grenoble, Eric Piolle, est ouvert à cette proposition, Yannick Jadot, l’ancienne tête de liste des Verts aux européennes, au contraire, fermerait plutôt la porte. Certes, une primaire qualifiée d’ouverte devrait départager ces deux hommes le moment venu. On voit mal, alors, le candidat ainsi désigné s’effacer derrière Jean-Luc Mélenchon. Et qui peut croire une seule seconde que Mélenchon s’efface devant qui que ce soit ?