Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Il faut continuer à vivre malgré la pandémie »
En ouverture de la Renaissance des entreprises de France, ex-université d’été du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux a tenu à porter hier un message d’optimisme et de confiance
Il était hors de question pour le Medef (Mouvement des entreprises de France) d’annuler sa Rencontre des Entrepreneurs en France (REF) qui se tient depuis hier après-midi à l’hippodrome parisien de Longchamp. Rebaptisé cette année Renaissance des entreprises de France, l’événement de la rentrée du patronat a pris une résonance particulière en cette période de pandémie. Malgré un format réduit, il veut aborder les enjeux économiques, sociaux et sociétaux de l’après-Covid
«livrer un message optimiste et d’espoir, a déclaré Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, lors de son discours d’ouverture. Oui, la Covid-19 est là, mais on peut, mais on doit se réunir, on doit continuer à consommer, à produire, bref, à vivre. » Ce patron des patrons salue dans cette crise extraordinaire, « Le Gouvernement qui a été à la hauteur en mettant en place très rapidement le triptyque chômage partiel, prêts garantis par l’Etat (PGE) et fonds de solidarité, permettant d’éviter des milliers de défaillances d’entreprises et de préserver des centaines de milliers d’emplois. » Il a également rendu hommage - ce qui n’est pas courant - à la réactivité de l’Administration, aux banquiers qui ont réussi à mettre en place près de 560 000 PGE en moins de trois mois et la solidarité européenne. Sans oublier, bien entendu, la résilience des entrepreneurs qui ont repensé leur activité pour participer à l’effort général. Des sociétés dont l’image sort renforcée de cette crise : une étude BVA menée en juin montre que 90 % des Français ont confiance dans les PME.
Les enjeux de la mondialisation
S’il se veut porteur d’espoir, Geoffroy Roux de Bézieux sait bien que les défis sont nombreux. « Il faut retrouver notre souveraineté face aux monopoles mondiaux que les géants du numérique sont en train de créer », aider les entreprises à s’adapter au télétravail.
Parmi les enjeux à relever, figure la mondialisation. A cette même tribune l’an dernier, il s’inquiétait déjà de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. La pandémie a malheureusement accéléré le processus : « La tentation du protectionnisme s’est exacerbée mais la crise a sonné le réveil de l’Europe et nous a amenés à nous poser un certain nombre de questions en matière de souveraineté et de réindustrialisation. » Mais, avertit-il, la relocalisation d’une usine a un coût. Et de réclamer le juste échange, la possibilité pour les entrepreneurs de travailler avec des règles équitables en matière de douane, de fiscalité, de droit des affaires, propriété intellectuelle ou encore de respect des droits humains. Faire rimer croissance avec écologie est l’autre défi qui a émergé durant la Covid-19. Le Medef prône la croissance responsable qui réconcilie « les attentes de nos concitoyens avec la lutte contre le réchauffement climatique ». Alors oui, il est nécessaire de faire repartir la machine économique et le plan de relance - qui sera annoncé la semaine prochaine - peut l’aider. Geoffroy Roux de Bézieux en attend des mesures fiscales fortes comme la baisse des impôts de production ou de celui sur les sociétés «de façon à rejoindre en 2022 la moyenne européenne. Ce n’est qu’à ce prix que nous pourrons réindustrialiser la France et reconquérir notre souveraineté. » Pourtant, la renaissance des entreprises françaises ne saurait dépendre totalement de l’Etat. C’est aussi de l’énergie des dirigeants et de leur audace que l’économie pourra se relever. Enfin, le patron du Medef a réitéré son appel à rouvrir le débat sur le temps de travail. « Je pense qu’il faudra rouvrir le débat » lorsque reprendront les négociations sur la réforme des retraites, c’est-àdire « pas maintenant », mais « pas non plus en 2022. La richesse d’un pays, c’est la quantité de travail par individu multipliée par le nombre de gens qui travaillent. »
Attendu cette semaine, le plan de relance ne sera finalement dévoilé que le septembre, « Après la rentrée, a déclaré le Premier ministre lors de sa keynote. Il s’inscrit dans la continuité de l’effort déployé depuis avril. » Jean Castex en a néanmoins fait quelques annonces. « Ce sont Mds€ qui sont mobilisés, soit un quart du budget de l’Etat et quatre fois plus que le plan de relance de . L’objectif étant que l’on retrouve d’ici à la fin du quinquennat le niveau de richesse de sans que ce soit un poids sur les finances publiques », déclare le Premier ministre qui souhaite que les crédits soient engagés rapidement. « La relance passera par les territoires et le plan doit être adapté localement pour plus d’efficacité. » Il bénéficiera aux entreprises de toute taille dont il simplifiera les démarches (droit du travail, commande publique, urbanisme...). En outre, le recours à l’activité partielle sera ouvert jusqu’au er novembre dans les conditions actuelles. Puis « pendant deux ans pour les entreprises couvertes par un accord sur l’activité partielle longue durée ». De même, « pour ne pas entraver la production dans nos territoires », le Premier ministre a annoncé une baisse d’impôts de production de milliards d’euros par an. En , cet impôt avait représenté milliards d’euros.