Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Attentats de janvier  : les complices présumés entendus dès aujourd’hui

Après une mise en place technique, hier, le procès entre dans le vif du sujet aujourd’hui, avec les interrogat­oires de sept complices présumés des auteurs des tueries de janvier 2015

- SAMUEL RIBOT / ALP

Cinq ans et huit mois. C’est le temps qu’il aura fallu pour que s’ouvre à Paris le procès des attentats qui ont ensanglant­é la France entre le 7 et le 9 janvier 2015. A eux seuls, trois hommes – Amedy Coulibaly et les frères Saïd et Chérif Kouachi – avaient alors semé la mort et la désolation dans Paris et sa proche banlieue, tuant onze personnes à Charlie Hebdo, deux policiers dans l’exercice de leurs fonctions dans le 11e arrondisse­ment et à Montrouge, puis trois clients et un employé du magasin Hyper Cacher de l’avenue de Vincennes, au bord du boulevard périphériq­ue. A ce terrible bilan s’ajoutaient les blessés, dont certains gravement, les témoins et otages traumatisé­s et leurs centaines de proches. Aussi, les deux mois et demi d’audience qui se sont ouverts hier se sont-ils d’emblée inscrits dans le cadre des procès d’exception.

 parties civiles

Sur le plan de la sécurité d’abord : agents vêtus de gilets pare-balles et armés de fusils-mitrailleu­rs à chaque carrefour, équipages de motards postés sur les grands axes, fourgons de gendarmes garés en travers des accès routiers, véhicules de déminage en position, contrôles répétés pour accéder jusqu’aux salles d’audience. Sur le plan de l’organisati­on, ensuite : à l’intérieur de la cité judiciaire s’active une ruche bourdonnan­te mêlant une noria d’avocats représenta­nt près de 200 parties civiles, une centaine de journalist­es accrédités pour suivre les débats, autant de cameramen, photograph­es et preneurs de son répartis dans les couloirs, sans compter les victimes, leurs proches et le public, accueillis dans les quatre salles d’audience réquisitio­nnées pour l‘occasion. Il est 10 h : derrière les portes battantes de la salle 2.02, réservée aux grands procès, les accusés font leur entrée. A l’exception de l’un d’entre eux, tous sont actuelleme­nt détenus. Dans les box vitrés où ils ont pris place, chacun est flanqué d’un membre des forces de l’ordre, armé et encagoulé.

Hayat Boumeddien­e toujours en fuite

Manquent à l’appel Hayat Boumeddien­e, compagne d’Amedy Coulibaly qui a fui la France quatre jours avant le carnage, et les frères Belhoucine, soupçonnés d’avoir facilité sa fuite avant d’être vraisembla­blement tués en Syrie en 2016. Pendant dix semaines, la cour d’assises spécialeme­nt composée, où ne siègent que des magistrats profession­nels, va s’efforcer de déterminer la culpabilit­é de ces hommes et de cette femme, présumés complices des crimes de janvier 2015. Les auteurs, eux, ne pourront jamais être jugés. Mais la conviction des enquêteurs, des magistrats instructeu­rs et des parties civiles est la même : sans ces 14 complices, rien ne serait arrivé. Car les faits reprochés aux accusés – fourniture­s d’armes et soutien logistique – ont été déterminan­ts dans le passage à l’acte des tueurs.

Peine de  ans de prison encourue

Ni les arnaques mises sur pied par Amedy Coulibaly, qui a soutiré 60 000 euros à des organismes de crédit sur la base de documents falsifiés, ni les Kalachniko­v ayant servi à décimer l’équipe de Charlie Hebdo, ni les armes de poing brandies lors de l’attaque de l’Hyper Cacher n’auraient atterri entre les mains des auteurs des attentats sans ces complicité­s présumées. Dès ce matin, trois accusés seront interrogés par la cour. Quatre autres suivront cet après-midi. Tous encourent une peine de 20 ans de prison.

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(Photo AFP) Une centaine de journalist­es du monde entier ont couvert l’ouverture du procès hier à Paris.

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