Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«LABONNE DU CURÉ » AU PARADIS

Annie Cordy est morte à l’âge de 92 ans à Vallauris L’artiste populaire a marqué plusieurs génération­s

- MARGOT DASQUE ET VINCENT BELLANGER mdasque@nicematin.fr

Tata Yoyo n’est plus. Hier, vers 18 heures, Annie Cordy a été retrouvée sans vie à son domicile de Vallauris-Golfe-Juan, près de Cannes, par les secours. Alertés pour un malaise survenu dans la salle de bains de sa propriété, située chemin du Séminaire, les sapeurs-pompiers n’ont pu que constater l’arrêt cardiaque de la célèbre artiste belge âgée de 92 ans. Vivant avec « Mimi », sa nièce, la chanteuse s’était installée depuis les années 70 sur les hauteurs de la cité des Potiers. On l’avait d’ailleurs vu à plusieurs reprises à Vallauris, notamment en 2017, lors de la fête des paysans et de la SaintSauve­ur où elle avait pris la pose aux côtés de deux cents participan­ts en costumes d’époque. Femme d’engagement, elle avait, en 2018, donné de sa personne pour la Fondation Lenval au profit des enfants malades, lors d’une soirée caritative à Cannes où elle avait conté Babar.

Les débuts au « Lido »

Toujours suivie de ses deux petits chiens, des caniches, la baronne – anoblie par le roi des Belges il y a seize ans – n’a jamais perdu de sa repartie ni de son esprit, en étant une féroce joueuse de Scrabble. Si son dernier album est sorti dans les bacs en 2014 sous le titre Annie Cordy chante Noël, la pétillante fantaisist­e, surnommée « Nini la chance », reste dans les mémoires de plusieurs génération­s. Connaissan­t le succès sur grand écran avec l’opérette Le Chanteur de Mexico aux côtés de Luis Mariano en 1956, cette fille de menuisier commence sa carrière après la Seconde Guerre mondiale en se faisant repérer en 1950 par le directeur artistique du Lido, qui la déniche au cabaret Le Boeuf sur le toit à Bruxelles.

Devenue meneuse de revue au 116 avenue des ChampsÉlys­ées, elle remporte à Deauville le prix MauriceChe­valier en 1952. Et débarque sur les planches aux côtés de Bourvil avec l’opérette La Route fleurie. Mariée à François-Henri Bruno rencontré en 1950, Léonie Juliana Cooreman, de son vrai nom, compte pas moins de vingt-huit albums studios. 1955 représente pour elle une année phare. Celle de Bobino ,de l’Olympia, du Grand Prix de l’Académie Charles-Cros pour son morceau Oh Bessie ! Titre prestigieu­x qui lui vaudra un aller simple pour un rayonnemen­t internatio­nal : Cuba, Porto Rico, New York… Annie la petite « rigolote » séduit le monde entier et fait rayonner la francophon­ie.

Au sommet avec « La Bonne du curé »

Ses titres ? Cultes. La Bonne du curé, vendu à 1,8 million d’exemplaire­s, Tata Yoyo, Frida Oum Papa, tresses sur les épaules, La Ballade de Davy Crockett, son de l’aventure, ou encore Cho Ka Ka O... Prolifique derrière le micro, elle l’est aussi devant la caméra depuis les années 50. Récemment, le public se souvient de sa prestation dans Les Souvenirs de Jean-Paul Rouve, film sorti en 2015 où elle campe une grand-mère inoubliabl­e. L’année suivante, elle monte les marches de Cannes avec Catherine Deneuve pour Le Cancre de Paul Vecchiali. Dernièreme­nt, en 2019, elle a brillé sur le tapis rouge cannois en recevant le prix d’interpréta­tion au festival internatio­nal Entr’2 Marches – dédié à la visibilité du handicap – pour le courtmétra­ge Les Jouvencell­es.

Table au « Majestic »

Se confiant sur ses habitudes azuréennes dans nos colonnes en 2014, l’artiste avouait son penchant pour les déjeuners au Majestic : « La cuisine, ce n'est pas mon fort. Il faut dire que je n'ai jamais eu beaucoup de temps. »

Si elle a toujours aimé la fête, l’alcool n’a jamais vraiment coulé à flots chez elle. « Je ne suis pas une acharnée de la gastronomi­e, ni du vin d'ailleurs. Non pas que j'aie trop bu, mais ce n'est pas mon truc. Encore que je me rappelle avoir pris deux cuites dans ma vie. Il y a prescripti­on : j'étais encore en Belgique, alors vous voyez… Mais je m'en souviens très bien, c'était à la bière et au gin ! Je devais avoir dix-sept ou dix-huit ans. »

Les habitués pouvaient la croiser du côté du Palm Beach avec ses toutous. Le soleil, le calme, le sourire. La dolce vita : voilà ce qu’a trouvée Annie Cordy chez nous. Et à défaut d’avoir eu des enfants, elle aura su gagner le coeur de plusieurs génération­s d’entre eux…

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(Photo AFP) Annie Cordy au e Festival de Cannes, en .
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(Photo Gilles Traverso) A la Palestre au Cannet en .
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(Photo Patrice Lapoirie) Au Nikaïa en .
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(Photo P. C.) Au Carlton à Cannes, gala pour les enfants malades, en .
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(Photo Sophie Donsey) À Brignoles, en .
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(Photo O. P.) Une expo du photograph­e Félicien Tordo à Menton, en .

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