Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’école de musique en danger faute de dotations?
Faute de dotations de fonctionnement suffisantes, l’Orchestre d’harmonie du Bessillon pourrait ne pas être en mesure de poursuivre ses cours. Parents et professeurs espèrent être entendus
L’alerte a été lancée dès le 7 juillet, et répétée le 25 août, auprès des partenaires financeurs de l’Orchestre d’harmonie du Bessillon (OHB), par les parents des élèves de l’école de musique. Dans une lettre ouverte, ils s’adressaient aux Villes de Barjols, Pontevès et Tavernes, ainsi qu’à la communauté de communes « Provence Verdon », qui, chaque année, versent les subventions nécessaires au fonctionnement de l’OHB. Selon les termes de leurs différents courriers, ils demandent aux élus de bien vouloir faire en sorte que l’école puisse assurer les cours cette année, leur demandant « un effort financier conséquent ».
Un soutien unanime, mais pas financier
Philippe Allegrini, directeur de l’école de musique, détaille la situation : « Au moment où nous avions besoin de 5 000 euros supplémentaires pour le fonctionnement de la structure (lire ci-après), toutes les collectivités territoriales ont baissé les subventions. » Toutefois, après que les parents et les responsables de l’école ont rencontré les différents représentants de communes, ces derniers ont assuré qu’ils « soutiendront l’OHB, ne diminueront – pour certains – pas les subventions, mais ne peuvent, dans l’immédiat, pas consentir une éventuelle rallonge ». Une déclaration de bonne intention qui ne suffit logiquement pas à garantir une rentrée sereine : « Les contrats des professeurs se signent courant septembre pour l’année scolaire entière. Si, au 15 septembre, nous n’avons obtenu aucune rallonge financière, nous ne pourrons pas rouvrir les portes de l’école », déplore le directeur. Mercredi, parents et professeurs étaient conviés à se réunir devant les locaux de l’école, à l’initiative des premiers. Au programme de la très courte réunion, qui a rassemblé une petite cinquantaine de personnes : présentation de la situation et signature d’une motion de soutien.
« Nous aurions dû alerter dès »
Philippe Allegrini a fait le rappel des données du problème : « En réalité, nous étions déjà en difficulté l’année dernière. Nous avions alors augmenté la cotisation mensuelle des élèves de deux euros. Cela ne suffisait pas, mais nous avons tout de même réussi à “passer” l’année, notamment parce qu’elle comptait trente semaines au lieu de trentedeux et que la période de confinement a permis de mettre des professeurs en chômage partiel. »
« Il manque euros »
L’école de musique de l’Orchestre d’harmonie du Bessillon est une structure associative qui n’a, pour unique poste de dépense, que les salaires de ses onze professeurs. « Cela représente deux équivalents temps plein », tempère Philippe Allegrini,
qui enseigne lui-même le saxophone et la clarinette. « L’école a besoin de 65 000 euros par an pour fonctionner. Les cotisations des 110 élèves représentent la moitié de cette somme. Le reste vient des subventions. L’année dernière, nous avons pu compenser avec un fond de trésorerie de 5 000 euros. Cette année, il va nous manquer environ 10 000 euros. Il n’est évidemment pas envisageable d’augmenter encore les cotisations… » Une solution « évidente » serait de diminuer le volume horaire des cours. « Cela voudrait dire que les professeurs accueillent davantage d’élèves en même temps… Mais ce n’est pas notre vision des choses : nous enseignons dans un format type de conservatoire, c’est-à-dire que, lors des cours, chaque élève passe une demi-heure avec son professeur. Seuls les cours de solfège, que nous proposons gratuitement, permettent d’accueillir davantage d’élèves en même temps », explique Philippe Allegrini.
Profs et élèves partiront pour ne pas revenir
La principale crainte des professeurs et des parents, c’est, outre l’arrêt des cours, la certitude qu’ils ne pourraient reprendre l’année suivante : « Les élèves iront trouver d’autres professeurs, dans d’autres écoles. De même, les professeurs ont besoin de travailler : ils iront proposer leurs services ailleurs… » Une éventualité qui inquiète Gonda De Smedt, élue à Pontevès, venue manifester mercredi : « Nous sommes en zone rurale. Un service comme l’école de musique ne sera pas facile, voire impossible, à retrouver s’il s’arrêtait... » Dix jeunes Pontois, sur les 68 enfants scolarisés que compte la commune, fréquentent l’OHB. À l’heure de se quitter, les manifestants évoquaient des pistes de secours : « Pourquoi ne pas organiser une collecte, ou des événements payants, pour financer une partie des cours ? » L’idée semble bonne, mais le temps imparti pour la mettre en oeuvre est, lui, bien maigre.
1. Dans un courrier adressé à la communauté de communes,en date du 29 août,CatherineVenturinoGabelle, maire de Barjols, rappelle que sa commune, outre le prêt gracieux des locaux, maintient une subvention annuelle de 12 200 euros à l’OHB.