Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’idéal républicain
Camille Pascal, qui fut la plume identitaire et mémorielle de Nicolas Sarkozy, a trouvé le discours « excellent ». C’est vrai. Hier au Panthéon, Emmanuel Macron ne nous a pas barbés avec l’un de ses laïus soporifiques qui l’ont peu à peu coupé des Français ces trois dernières années. Oh, il est toujours dans la quête du consensus, prompt à ménager la chèvre et le chou. Dans son rôle de Président, au fond. Mais cela ne l’a pas empêché, pour une fois, de se montrer clair, carré, audible. Sans équivoque. Le chef de l’État n’a pourtant rien dit d’extraordinaire. Ses censeurs vont même se complaire à souligner qu’il a enfoncé des portes ouvertes, qui appellent des actes pour ne pas nous revenir en pleine figure. Le lyrisme républicain de circonstance n’a toutefois pas ankylosé la vigueur du message. En quelques mots simples, tout a été cadré : la capacité d’intégration de la France où chacun, d’où qu’il vienne, peut vivre libre, à condition de la respecter et de ne pas vouloir lui imposer ses propres règles, religieuses très explicitement. Cette mise à plat, si banale paraisse-t-elle, était nécessaire. Une majorité de Français se retrouvent dans cette vision progressiste mais fière, et enracinée, qui invite à plus d’égalité concrète, sans vouloir pour autant déboulonner des statues à tout bout de champ. Emmanuel Macron sait que le verbe ne suffira pas à gommer des communautarismes belliqueux qui, sans être légion, sont profondément dérangeants. C’est bien pour cela qu’il annonce un projet de loi de lutte contre le séparatisme. Quand % des jeunes musulmans, selon l’Ifop, se refuseraient à condamner les auteurs des attentats de Charlie Hebdo, on peut considérer que la République redevient un combat, plus qu’un héritage. Cela n’interdit pas de le mener sans brutalité excessive, la fraternité laïque conjuguée à la fermeté. Puisqu’il s’agit, en somme, de protéger une majorité de musulmans contre une frange extrême dont ils sont les premiers à pâtir. Tel est le défi d’une République indivisible sans être étriquée.
« Le verbe ne suffira pas à gommer des communautarismes dérangeants… »