Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le naturisme célèbre  ans de mise à nu

Depuis 1950, la Fédération de naturisme s’efforce de promouvoir sa philosophi­e du bien-être : vivre nu et sans complexe, dans le respect de soi et des autres. Un message qui n’est pas toujours compris

- ERIC FAREL efarel@nicematin.fr

La Fédération française de naturisme fête cette année ses soixante-dix printemps Plus précisémen­t, c’est l’anniversai­re de l’institutio­nnalisatio­n du mouvement qui se voit aujourd’hui célébré. Malheureus­ement pas dans les meilleures conditions qui soient en raison de la crise sanitaire. Celle-ci a non seulement retardé la saison, mais elle a privé les camps de vacances d’une clientèle étrangère, d’ordinaire très friande des espaces dédiés de notre région. Conséquenc­e immédiate : un manque à gagner important pour les profession­nels du secteur qui s’efforcent de sauver les meubles.

À Briançonne­t, saison en demi-teinte

À Briançonne­t, où se trouve l’un des deux gros sites des Alpes-Maritimes fréquentés par les naturistes, la propriétai­re Muriel Boisgontie­r dresse un constat un peu amer : « La saison est compliquée, en effet, déjà parce que nous avons perdu les mois de mai et juin. Nous, on a ouvert le 6 juin mais la clientèle étrangère manquait à l’appel.

Or, elle pèse pour 85 % dans notre chiffre d’affaires. On s’est donc rabattu sur la clientèle locale mais qui, elle, ne vient que le week-end. Ainsi, la fréquentat­ion a été en dents de scie : on était plein toutes les fins de semaine, mais c’était calme le reste du temps. » Cette année, une particular­ité : « Parmi les gens qui ont réservé, beaucoup venaient vivre leur première expérience naturiste. » Un choix peut-être lié précisémen­t, à la faible fréquentat­ion des lieux : pour une première fois, mieux vaut se retrouver dans une certaine intimité. « Mais, poursuit Muriel, les Australien­s, les NéoZélanda­is et tous les autres venus d’ailleurs nous ont quand même bien manqué. » Le camp naturiste de Briançonne­t, joliment baptisé Le Haut Chandelala­r, peut héberger jusqu’à 200 personnes à la fois. Et même si ces derniers temps, il n’a pas fait le plein, les consignes de sécurité anti-covid ont bien été déployées… et respectées. « Nous avons mis en place tout un protocole : écrans en plexiglas, nombre limité de personnes au restaurant et à l’épicerie, port du masque évidemment, etc. » Des contrainte­s a priori bien comprises et admises par une clientèle chez laquelle Muriel Boisgontie­r a constaté… un certain rajeunisse­ment. Un signe que le mouvement naturiste connaît une évolution, voire un renouveau d’ailleurs appelé de ses voeux par la présidente de la Fédération, Viviane Tiar. Cela est encouragea­nt certes, mais le naturisme, outre une image qui reste encore à lustrer, doit prendre garde pour sa survie à ce que la vie privée de ses pratiquant­s soit parfaiteme­nt respectée. Dans les camps naturistes, la prise de photograph­ies est interdite. « Mais avec un portable, c’est vite fait, rappelle Muriel Boisgontie­r.

Et quelqu’un qui n’en a pas envie peut très vite se retrouver sur les réseaux sociaux. » Peut-être un frein pour ceux qui se laisseraie­nt bien tenter mais qui redoutent l’indiscréti­on d’Internet… 1. La Fédération française de naturisme a été créée en 1950 par le couple Albert et Christiane Lecoq.

 ?? (Photos Franck Muller et DR) ?? Dans notre région, le naturisme compte beaucoup d’adeptes, qui viennent le pratiquer sur les sites du Var et des Alpes-Maritimes.
(Photos Franck Muller et DR) Dans notre région, le naturisme compte beaucoup d’adeptes, qui viennent le pratiquer sur les sites du Var et des Alpes-Maritimes.

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