Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Itinéraires alternatifs, recrutement d’écogardes, gestion des accès : des solutions pour réguler les flux de visiteurs
Au Comité régional du tourisme (CRT), on commence par rappeler l’importance du tourisme dans la région : % de son PIB, % des emplois, puis une définition : «Le surtourisme, c’est trop de personnes au même endroit au même moment. »Et« à quelques exceptions près et sur quelques sites et seulement quelques jours par an, ça n’arrive pas », assure François de Canson, son président, aussi maire de La Londe-lesMaures. Pour l’éviter, des mesures préventives avaient été prises : « On ne communiquait plus à l’international sur la haute saison. »LeCRT avait également cessé depuis ans d’utiliser dans ses campagnes « des visuels d’endroits trop fréquentés », comme le plateau de Valensole et ses champs de lavandes, théâtre d’une série romantique chinoise, devenu entonnoir à bus de tour-opérateurs asiatiques. « C’était le cas aussi pour les ocres de Roussillon et le Verdon, sur lesquels on ne communiquait qu’hors saison », précise Loïc Chovelon, directeur de l’organisme de promotion du territoire. Sauf que voilà, cet été fut « exceptionnel ». Le coronavirus avait fait craindre à la région Sud une saison blanche. « On a été obligé de faire une campagne de communication forte », justifie François de Canson. « On a tous besoin du sud » a entraîné + % de fréquentation touristique française en juillet et août, sans compter la tendance amplifiée aux vacances de proximité (appelée « staycation ») de la clientèle régionale. « Les espaces naturels ont été un peu débordés », constate Jean-Philippe Gallet, codirecteur du Parc régional du Verdon. Si le phénomène « réseaux sociaux », entraînant une hausse brutale et inattendue de la fréquentation d’un site, reste difficile à appréhender, ses effets peuvent être atténués.
➠ Gérer les flux de véhicules
D’abord, en travaillant sur la gestion des flux de véhicules sur les sites. « Grâce à un partenariat que nous avons mis en place avec Waze sur deux sites pilotes, le sentier des Ocres de Roussillon dans le Luberon et les Gorges du Verdon, on arrive à savoir à quel moment le site est plein en terme de fréquentation », détaille Loïc Chovelon. Annoncées l’an dernier en fin de saison, deux options ont alors été expérimentées pour la première fois cet été : rediriger l’automobiliste vers un autre lieu comparable (c’est ce qui a été testé dans le Luberon) ou lui conseiller de se garer dans un endroit aménagé à cet effet pour rejoindre en navette sa destination. « Nous allons également réaliser des travaux d’aménagement qui ne suréquipent pas les sites », complète Jean-Philippe Gallet. Construire places de parking là où on aurait pu en mettre pour encourager l’usage des transports en commun ou réorienter le vacancier sur un autre site, moins fréquenté.
➠ Éduquer le public sur le terrain et en ligne
Parce que le terrain reste, de l’avis de tous, le meilleur endroit pour faire de l’éducation au respect de la nature, « on a l’intention de doubler la garde régionale pour l’été prochain », annonce François de Canson. Le président du CRT évoque un projet de réunion avec les journalistes pour « les encourager à ne plus écrire sur les lieux les plus fréquentés et leur donner des lieux nouveaux pouvant accueillir plus de visiteurs. » Le codirecteur du parc du Verdon imagine aussi « proposer une contre-offre avec des influenceurs », mettant en avant les lieux et les pratiques « sans risque ».
➠ Réguler l’accès aux sites
Enfin, rien n’empêche la collectivité gestionnaire d’un site de prendre une décision de régulation : c’est le cas depuis deux ans pour l’accès à la plage Saint-Julien, sur le lac d’Esparron dans les Alpes-de-Haute-Provence, qui devient payant en haute saison.
➠ Un challenge « Innovation et gestion des flux touristiques »
La semaine prochaine, les candidats à l’appel à projet – lancé mi-février par la région mais depuis en pause Covid– seront auditionnés. L’objectif ? « Explorer de manière innovante les problématiques liées à la gestion des flux touristiques : mobilité, information en amont et sur place, lien touristes-habitants et développement de l’éco-responsabilité. »