Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Marine Le Pen décrit une France « coupe-gorge »
A Fréjus, la présidente du RN a sorti l’artillerie lourde contre l’insécurité, taxant l’exécutif d’incurie et promettant la tolérance zéro en cas de victoire en 2022
Quasiment pas de préambule. Aucun temps mort… Marine Le Pen a défouraillé dès l’entame de son discours de rentrée, hier après-midi à Fréjus. Les violences de diverses natures qui ont émaillé l’été lui offrent sur un plateau l’occasion de cogner dur, jusqu’à la caricature, pour mieux présenter son parti comme le seul capable de rétablir l’ordre en 2022. « Chaos sécuritaire, explosion de la délinquance, société de l’ultra-violence endémique », tout y passe : la présidente du Rassemblement national dresse, pied au plancher, un tableau noir charbon du pays. « Cet été meurtrier a été le point d’orgue de dizaines d’années de laisser-aller, comme si la promesse du vivre ensemble se retournait contre ses promoteurs, attaque-t-elle. Avec ses effets gigognes, la crise est un accélérateur de la prise de conscience de l’incapacité sécuritaire du gouvernement. » Et d’évoquer « l’explosion de la délinquance gratuite, les bandes tribales engagées dans des guerres de quartiers, le racisme anti-français ou même anti-blanc ».
Dupond-Moretti, la cible
Pour Marine Le Pen, l’exécutif est incapable d’apporter les bonnes réponses à cette insécurité, faute de «regarder en face la réalité, conséquence de l’immigration incontrôlée imposée aux Français depuis des décennies ».
Elle prend bien soin de préciser, néanmoins : « Les immigrés qui ont adopté nos codes sociaux sont les premières victimes de cette violence. » Puis le mitraillage en règle reprend : « Derrière les faits que l’on dit divers, il y a des hommes et des femmes arrachées à la vie, des familles dévastées. C’est une barbarie qui s’installe, sans volonté politique de sévir contre elle : il n’y a plus ni droit, ni État, ni État de droit. » La députée égrène le nombre quotidien d’agressions, de viols, de cambriolages… Pour mieux s’en prendre au nouveau ministre de la Justice, sa tête de Turc, lui qui avait suggéré en 2015 d’interdire le Front national, ne le considérant pas comme un parti républicain. « Comment M. DupondMoretti
peut-il prétendre que la France n’est pas un coupe-gorge ? Comment peut-on agir quand on nie à ce point la réalité ?, s’indigne la déjà candidate du RN à la présidentielle de 2022. L’alternative à la prison, pour un criminel c’est la liberté, et pour la société c’est le danger. Il faut maintenant agir. Dupond-Moretti, c’est Taubira en pire ! »
« Notre main ne tremblera pas »
Aux yeux de Marine Le Pen, l’action à la tête de la mairie de New York de Rudolph Giuliani, qui a réussi de 1994 à 2001 à faire baisser la criminalité en pratiquant la tolérance zéro, est la preuve que l’insécurité n’est pas une fatalité, pour peu qu’il existe une volonté politique. Qu’elle propose, évidemment, d’incarner en 2022. « Notre main ne tremblera pas », assuret-elle, en listant une série de mesures qu’elle mettrait en oeuvre : courtes peines réellement effectuées dès les premiers actes délictueux, perpétuité réelle pour les crimes les plus atroces, suspension des allocations aux parents de mineurs délinquants, expulsion des familles de délinquants des logements sociaux, expulsion du pays des délinquants étrangers. « C’en sera fini des peines fictives, de la prison garderie et de la culture de l’excuse ! »
Localisme et « démétropolisation »
Ce message sécuritaire bodybuildé passé, Marine Le Pen conclut en remettant une couche sur « le processus de décomposition d’une utopie politique, le mondialisme. Nous n’assistons pas à une simple crise, mais à un retournement profond de notre modèle économique ». Et de vanter le localisme, une démocratie faite de services publics de proximité, de circuits courts, de relocalisations et d’aménagements pour rééquilibrer les territoires, invitant au passage à « démétropoliser ». « Le débat entre localistes et mondialistes se clarifie de jour en jour », gaget-elle, en guise de sésame pour 2022.