Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Claude Gateau et ses « bons tuyaux »
Claude Gateau exerce son art de menuisier au village. Dans la Grand-Rue sous l’enseigne « L’Atelier du Canal ». Homme discret, artisan méticuleux, il connaît parfaitement les différents styles de meubles et il est capable de deviner que votre vieux bahut vient du haut pays niçois et qu’il a été construit précisément à telle époque et avec telle essence. En plus de ses indéniables talents, cet homme a un secret... Il a un riche passé de facteur d’orgues ! « Je suis né à Pontoise (Val-d’Oise), où j’ai résidé jusqu’à l’âge de 22 ans. J’ai une formation de mécanique générale. Un jour, je suis venu en vacances dans la région et j’ai décidé de me fixer à Carcès. J’ai alors été contacté par Jean Dubuisson, le potier d’étain. Il m’a embauché. Pour son entreprise, je fabriquais des tables et des chaises tout en m’initiant au travail de l’étain. » Yves Cabourdin, de la Manufacture provençale d’orgues de Carcès, séduit pas ses compétences, l’a ensuite recruté. « Ça a été pour moi la découverte d’un nouveau domaine, mais aussi la naissance d’une véritable passion. J’ai autant aimé le métier en lui-même que les rencontres extraordinaires que j’ai pu y faire. »
Le contact avec des facteurs d’orgues a été fructueux et le travail en équipe avec des artisans talentueux l’a véritablement comblé.
La fréquentation de grands organistes dont le regretté René Saorgin (Monaco) ou Pierre Bardon (Saint-Maximin) l’a enchanté : « Ce sont de grands artistes, mais j’admire leur simplicité et la qualité des relations qu’ils ont su entretenir avec moi. Restaurer l’orgue de La
Brigue avec les conseils bienveillants de René Saorgin, cela constitue des souvenirs extraordinaires. Je me suis profondément enrichi intellectuellement et humainement à côtoyer ces musiciens de renom. » Claude en est venu rapidement à dessiner des plans et il les a mis en oeuvre pour réaliser buffets, consoles et sommiers. Il a ainsi travaillé sur l’orgue Agati de la collégiale Saint-Pancrace à Aups. Il a participé pendant environ deux ans à la restauration de l’orgue la basilique de Saint-Maximin, un instrument datant 1774. Il est intervenu également à Cuers, Cotignac, Montfort, Sainte-Menehould (Marne), etc. Il a même installé «a new French pipe organ at St. John’s Lutheran Church » comme l’indique le journal local d’Altamont aux États-Unis. Claude précise : « dans ces travaux, il y a peu de vis. On emploie surtout des queues-d’aronde et les assemblages à clefs selon les techniques anciennes, c’est ce qui me plaît. » Il y a bien une once de regret chez ce passionné qui a dû se reconvertir en 2003 ; « Je revis ces moments privilégiés en écoutant parfois de la musique sacrée jouée à l’orgue », confie-t-il avec une belle lueur dans les yeux...