Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le tour du monde en ballon

Professeur d’EPS puis entraîneur réputé dans le domaine de la préparatio­n physique, le Hyérois a été un homme de l’ombre qui a conduit la France au titre de champion du monde 1998

- SYLVAIN MOUHOT

Dix ans après la saison du Hyères football club en National, l’entraîneur de l’époque, Patrick Bruzziches­si, a voulu rendre hommage à Jacques Devismes. Les deux hommes se sont connus à l’INF Clairefont­aine quand Bruzzi, « le bûcheron de Gonfaron », ancien défenseur central de l’OGC Nice (1980-87), y préparait son diplôme d’entraîneur. Des années plus tard, l’élève a fait appel au « maître », qui s’est définitive­ment installé à Hyères en 1992, au service de la préparatio­n physique des footballeu­rs hyérois.

La préparatio­n, un réservoir d’essence

Pour faire simple, la préparatio­n physique d’avant-saison, le travail foncier, est la constituti­on d’un réservoir dans lequel le sportif puise à petites doses. « De la préparatio­n découle la saison, confie-t-il. On peut mettre l’accent sur la vitesse et les changement­s de rythme. On peut s’appuyer sur la musculatio­n si les joueurs manquent de force. Les Italiens étaient très forts dans ce domaine. » Jacques Devismes y excellait aussi, même si sa modestie l’empêche de le dire. Fils d’instituteu­r, par ailleurs fondateur de l’AS Davesnesco­urt (Somme) en 1931 avec ses anciens élèves, le petit Jacques ne prend sa première licence qu’en 1950 car les catégories de jeunes n’existaient pas après-guerre. « Ma technique était moyenne mais je courrais beaucoup, milieu récupérate­ur ou défenseur. Je jouais pour le plaisir. Au collège, je faisais aussi du cross avec un prof formidable qui m’a orienté vers le métier de professeur de gym. »

Au service de la FFF

Outre le professora­t, Jacques Devismes entraîne le CA Péronne avec succès. La Ligue de football de Picardie le nomme conseiller technique régional. Le désormais CTR donne des idées de séances aux entraîneur­s et fait passer les diplômes d’initiateur, moniteur et brevet d’État. « Professeur d’EPS, j’étais orienté vers la préparatio­n physique. La Fédération française de football m’a proposé d’en dispenser l’enseigneme­nt », se souvient-il. À Clairefont­aine, il forme Jean Tigana, Luis Fernandez, Frédéric Antonetti, Alain Giresse... entre autres. « On respirait football toute la journée et on regardait encore des matches le soir. » Le patron de la prépa dispense aussi ses premiers stages en Israël, au Gabon, au Cap Vert... Le début d’un long périple à l’étranger où la formation française reste réputée. En 1998, Jacques Devismes élabore avec Jean-Marcel Ferret (médecin de l’équipe de France) la préparatio­n des Bleus pour la Coupe du monde. Du stage de Tignes jusqu’à la finale au Stade de France. « Il faut se souvenir combien Aimé Jacquet était décrié. Nous n’avions pas le droit à l’erreur. Aimé, c’était un grand, un homme très rigoureux mais qui aimait aussi bien vivre. » Didier Deschamps ? « Une grosse personnali­té. Il pensait exclusivem­ent football, pas étonnant qu’il soit devenu sélectionn­eur national... » À cette époque, Jacques Devismes est aussi recruté par Sir Alex Ferguson à Manchester United. Excusez du peu. Il est aussi l’un des précurseur­s du futsal qui permet de travailler la vivacité du footballeu­r. Après la Coupe du monde, Jacques Devismes rejoint l’AS Monaco, où il devient champion de France en 2000, avec Claude Puel, « un travailleu­r, saignant sur le terrain, fidèle à ses idées en tant qu’entraîneur ». Puis, il est recruté par l’Olympique de Marseille, travaille avec Albert Émon et Alain Perrin. Du fond de sa retraite qu’il passe tendrement avec Barbara, la femme de sa vie, Jacques Devismes remercie Patrick Bruzziches­si pour ce retour dans le passé. « On a bien travaillé ensemble », avouet-il. En toute discrétion, sans esbroufe, pourrait-on ajouter. Sur son métier, il ajoute : « Un préparateu­r physique est obligé de travailler en parallèle de l’entraîneur. C’est important d’avoir la confiance des joueurs. ». Lors d’une précédente interview qu’il nous avait accordée en 2009, il disait aussi : « On ne peut pas travailler si on n’aime pas ses joueurs. Le plus important, c’est de transmettr­e. Le football n’est pas compliqué, tout tourne autour de la relation du footballeu­r avec le ballon. »  avril , naissance à Davenescou­rt ().

, professeur d’EPS

, diplôme d’entraîneur de football.

, chargé de la préparatio­n athlétique au stage national d’entraîneur­s, à l’institut national des sports à Paris.

-, conseiller technique régional de la Ligue de Picardie. Fonde l’Amicale des éducateurs de football.

, Début des cycles de formation d’entraîneur­s pour la FIFA en Afrique ( pays) et en Europe de l’Est (Arménie, Moldavie, Géorgie, Russie, Roumanie).

, avant l’Euro en Suède, accompagne Aimé Jacquet dans l’observatio­n des équipes adverses.

, met sur papier la préparatio­n physique des Bleus, puis rejoint l’AS Monaco. Il entraîne aussi le prince Albert, sur la piste du stade Louis-II, « un vrai sportif, qui n’abandonnai­t pas ».

, recruté par l’Olympique de Marseille.

-, au Hyères Football club à la demande de Patrick Bruzziches­si.

 ?? (Photos L. Martinat et S. M.) ?? Il y a dix ans, Jacques Devismes a été l’un des artisans de la saison du Hyères FC en National.
(Photos L. Martinat et S. M.) Il y a dix ans, Jacques Devismes a été l’un des artisans de la saison du Hyères FC en National.
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